Pour la première fois au Royaume-Uni, Twitter a révélé l'identité d'usagers britanniques accusés de diffamation, après un jugement obtenu aux États-Unis par une autorité locale anglaise.

Le site américain de micro-blogging a donné aux autorités locales de South Tyneside les détails des comptes d'usagers accusés de commentaires diffamatoires contre des responsables et des conseillers locaux, a indiqué le porte-parole de cette autorité, Paul Robinson. Ces éléments «sont en cours d'examen par des experts techniques», a-t-il ajouté dimanche soir.

La mesure suit un jugement obtenu par South Tyneside auprès d'un tribunal de Californie, où le site est basé.

Ahmed Khan, un conseiller de South Tyneside qui compte parmi les accusés mais nie être l'auteur des messages, a confirmé que Twitter lui avait indiqué avoir révélé les coordonnées qu'il avait données lors de l'ouverture de son compte, comme son adresse de courriel et ses numéros de téléphone.

Les détails de trois autres comptes ont également été divulgués, selon M. Khan.

Le conseiller dénonce une situation «orwellienne», en référence au livre de George Orwell (1984) qui dépeint une société totalitaire.

Selon les médias britanniques, c'est la première fois que Twitter révèle l'identité d'un usager britannique. Aux États-Unis, le site a déjà été condamné par la justice fédérale américaine à divulguer les informations confidentielles de personnes en contact avec WikiLeaks.

«Je n'ai pas connaissance d'autre cas où un Britannique poursuit Twitter devant un tribunal californien afin de le contraindre à révéler les identités de particuliers», a indiqué à la BBC Mark Stephens, avocat spécialiste des médias qui a représenté le fondateur de Wikileaks, Julian Assange, accusé d'agressions sexuelles en Suède.

Cette première britannique pourrait avoir des répercussions significatives au Royaume-Uni, où Twitter est au centre d'une vive polémique. Le footballeur britannique Ryan Giggs a obtenu une injonction ordonnant au site de révéler des informations sur les internautes qui ont enfreint une décision judiciaire interdisant la presse de révéler sa liaison extra-conjugale. Mais cette injonction a été accordée par un tribunal britannique et reste à être appliquée aux États-Unis.