Les frontières entre le cybercommerce et le commerce traditionnel sont en train de se brouiller, estime le PDG du géant internet américain eBay, John Donahoe, dans un entretien avec l'AFP.

«Les outils mobiles sont en train de brouiller les frontières entre le «online» et le «offline»», estime M. Donahoe, de passage à Paris pour l'e-G8 et pour qui le commerce en ligne connaît une période «d'inflexion majeure».

«Les consommateurs sont maintenant connectés à l'internet sept jours sur sept et 24 heures sur 24 et ils apprécient le côté pratique de pouvoir acheter avec un objet mobile, qu'ils fassent la queue dans un café ou se trouvent dans un bus».

eBay, qui a inventé le commerce électronique il y a quinze ans, a procédé à plusieurs acquisitions pour accompagner ces évolutions: RedLaser, une application qui permet de scanner un code-barres en magasin et de connaître le prix sur ebay et sur d'autres sites internet. Ou encore Milo, qui permet de se connecter aux stocks des magasins des alentours, et de savoir où l'article qui l'intéresse est effectivement disponible et à quel prix.

«Il y a quelques années eBay a contribué à réinventer le magasinage. Il est en train de le faire de nouveau avec le commerce mobile (m-commerce), le commerce local (qui draine des consommateurs depuis le mobile aux magasins, ndlr) et le social commerce (avec les réseaux sociaux)», explique-t-il.

Interrogé sur la rémunération d'eBay dans ces modèles, il rétorque: «nous ne nous posons pas actuellement la question de la monétisation». Mais il laisse entendre qu'il devrait y en avoir une à terme.

«C'était une tendance de consommation importante, dans laquelle nous devions être à l'avant-garde, innover sur la manière d'amener les produits locaux en ligne», explique-t-il, à propos du commerce local.

Autre acquisition, Where.com permet au consommateur aux États-Unis de comparer les prix autour de lui, par exemple celui de l'essence.

«Vous pouvez avoir un centre commercial dans votre poche», résume-t-il.

Le commerce sur mobile, qui «n'existait pas il y a trois ans, a généré des ventes de 700 millions de dollars pour sa première année, 2 milliards de dollars l'année dernière, et nous devrions dépasser 4 milliards de dollars cette année. Il avoisine 8 à 9% de l'activité d'eBay au niveau mondial», précise-t-il.

Le téléphone mobile se transforme aussi en «portefeuille», avec la solution de paiement du groupe PayPal, qui intègrera à terme sur mobile les cartes bancaires, mais aussi les cartes de fidélité du consommateur.

PayPal a généré l'année dernière un volume de paiement de 750 millions de dollars avec le mobile et vise entre 2 et 3 milliards de dollars cette année.

«L'e-commerce en est encore à ses débuts, donc il va y avoir en permanence une série de nouvelles innovations, de nouveaux modèles. eBay était l'un de ces nouveaux modèles, qui a explosé et qui reste encore le plus gros site de cybercommerce dans le monde», relève-t-il.

Le groupe ne se cantonne plus aux ventes aux enchères en ligne qui l'ont fait connaître, et après les particuliers, il a largement ouvert son site à des marchands tiers, touchant une commission sur leurs ventes.

La mode est aussi un axe de développement. Aux États-Unis et en Angleterre, certaines marques comme Calvin Klein déstockent leurs anciennes collections sur eBay, tandis que des créateurs comme Narciso Rodriguez créent une ligne de vêtements spécialement pour le site.

«Aujourd'hui, eBay, c'est  65% de ventes à prix fixe et 35% d'enchères», souligne-t-il. Entre 15 et 20% des ventes sont transfrontalières.