Bulle boursière ou pas, internet force aujourd'hui le monde a se transformer rapidement, ont noté en choeur les participants au sommet e-G8, tenu à Paris cette semaine. Regroupés par le président Sarkozy dans le but plus ou moins avoué de resserrer les normes régissant internet, ils ont fait un constat douloureux : la planète est jeune et sa volonté leur échappe tranquillement.

Plusieurs observateurs européens ont critiqué le jeu auquel s'est prêté le président français Nicolas Sarkozy en organisant l'e-G8. Il a ouvert l'événement en prônant pour une meilleure application de règles devant régir ce qu'il considère comme une sorte de Far West technologique, « un nouveau territoire à conquérir ».

Si la volonté derrière cette affirmation semble louable, puisqu'elle vise entre autres à renforcer la protection de la vie privée des internautes et à défendre les droits des créateurs de contenu, son application, elle, a suscité le doute chez plusieurs participants réunis à Paris. La plupart des entrepreneurs réunis semblent souhaiter qu'on laisse la technologie évoluer au gré des besoins de ses utilisateurs, une opposition qui n'est pas sans rappeler le traditionnel axe politique gauche-droite.

Un entrepreneur américain y est allé d'une boutade, rappelant que l'âge moyen de la population mondiale était de 27 ans, et que l'économie mondiale devra s'y faire. C'est un âge nettement inférieur à la moyenne des gens présents au e-G8, a-t-il indiqué, ce qui a suscité un rire nerveux dans la salle qui n'a pas échappé à l'oreille attentive d'un représentant du Financial Times. Celui-ci rapporte aussi, dans un article publié hier, une remarque d'Eric Schmidt, haut dirigeant de Google, qui a manifestement saisi la balle au vol :

« Nous assistons ici à la réunion d'une plateforme (informatique) regroupant les nouvelles formes mondiales d'information, de jeu vidéo, de mobilité et de localisation. Cette plateforme est celle de gens qui ont 22 ans aujourd'hui. La prochaine génération de grandes sociétés sera bâtie sur une synthèse de ces éléments. »

« Si j'avais 22 ans aujourd'hui, je serais obsédé par la portion ludique, par son aspect social et par l'incroyable volume de connaissances que je pourrais en retirer. La somme de tout cela est une nouvelle façon d'apprendre et d'interagir en société qu'on peine à imaginer en ce moment. »

Une belle façon de dire qu'il serait difficile d'imposer des règles à un jeu que la génération actuelle de décideurs ne comprend pas bien, voire qu'elle peut difficilement concevoir aujourd'hui.

Non sans ironie, ce sera justement au tour d'un entrepreneur de 27 ans de prendre la parole, aujourd'hui. Il s'agit de Mark Zuckerberg, le milliardaire fondateur de Facebook. On verra bien s'il y a effectivement un gouffre générationnel en train de se créer sur internet...