Il n'y a plus lieu d'en douter : les deux géants californiens de l'internet se livrent à une guerre sans merci. Facebook a admis avoir embauché une firme de relations publiques pour faire publier des articles critiquant Google.

C'est Christopher Soghoian, un blogueur spécialisé en sécurité, qui a tiré la sonnette d'alarme en publiant un échange de courriels qu'il a eu avec la firme de relations publiques Burson-Marsteller.

Celle-ci lui a fourni des informations sur le service de Google «Social Circles» et insistait sur le fait que Google violait le droit à la vie privée de ses utilisateurs.

«Les citoyens américains doivent être informés des intrusions dans leur vie personnelle (...). Google catalogue et diffuse chaque minute de leur vie, sans leur permission», écrivait la firme, qui lui proposait de faire publier ses articles dans des publications comme le Washington Post, Politico, ou le Huffington Post.

Le client pour lequel la firme agissait était toutefois inconnu, mais The Daily Beast a obtenu la confirmation qu'il s'agit de Facebook. Mis devant les preuves, le géant du réseautage social a confirmé qu'il avait embauché la firme Burson-Marsteller.

«Aucune campagne de calomnie n'a été autorisée ni voulue» a déclaré un porte-parole de Facebook à l'AFP. «Au lieu de cela, nous voulons que des tiers vérifient que Google, sans avoir reçu d'autorisation des internautes, collecte et utilise des informations contenues dans les comptes Facebook».

«Nous avons engagé Burson-Marsteller pour attirer l'attention sur ce sujet, en utilisant des informations publiques qui peuvent être vérifiées de façon indépendante par tout média ou analyste. C'est un sujet grave et nous devions le présenter de façon grave et transparente», a ajouté le porte-parole.

Une pratique peu courante

Consultant indépendant en relations publiques, Serge Leclerc a notamment oeuvré au sein des cabinets National et Optimum. Il dit ne jamais avoir vu de telles pratiques dans sa carrière.

«Je ne sais pas si ça se fait dans certains milieux, mais dans toutes les organisations où j'ai travaillé, ça contrevient aux normes, aux codes d'éthiques auxquels on est soumis comme professionnel», dit-il.

Certains clients importants ont parfois tendance à demander des pratiques qui contreviennent à ces normes mais dans ces cas, dit-il, «on met cartes sur table».

«Si on décide d'aller au-delà de nos normes, ça devient un cas de conscience et notre réputation est en jeu.»

La firme Burson-Marsteller a reconnu qu'il ne s'agit pas d'une «procédure standard». «C'est contre nos politiques et dans ces conditions, nous aurions dû refuser le travail. Lorsque l'on parle aux médias, nous devons adhérer à des standards stricts de transparence à propos de nos clients, et cet incident souligne l'importance absolue de ce principe.»

Une guerre à finir

Ce nouvel accrochage entre Google et Facebook n'est qu'une preuve de plus que les deux entreprises sont en féroce compétition. Que ce soit pour l'argent des annonceurs, les meilleurs employés ou les entreprises en démarrage les plus prometteuses, la guerre a cours depuis quelques années déjà mais s'est intensifiée au cours des derniers mois.

Dans cette guerre, les questions relatives à la vie privée sur internet sont devenues un enjeu sensible et ont souvent fait les manchettes au cours des dernières années.

Tant Google que Facebook ont été dans la mire des organismes de protection de la vie privée et des gouvernements. Google a notamment suscité la controverse avec son service Street View, tandis que Facebook est souvent accusé de changer sans préavis ses politiques de confidentialité.

Avec The Daily Beast, BBC et AFP