Le réseau social chinois Renren a fait son entrée en Bourse en fanfare mercredi à New York, bénéficiant de l'appétit des investisseurs pour les réseaux sociaux en attendant les poids lourds américains comme Facebook.

Les titres cotés à New York de la société chinoise étaient mis en vente à 14 dollars, pour une opération à quelque 743,4 millions de dollars, soit au-delà du prix évoqué le mois dernier. Dix minutes après l'ouverture, l'action bondissait déjà de presque 43%. A la mi-journée, elle était encore en hausse de 36,93% à 19,10 dollars.

En début de semaine, la société d'analyse Renaissance Capital, spécialisée dans les entrées en Bourse, avait prévu qu'«en tant que premier grand réseau social au monde à tenter une entrée en Bourse, (Renren) allait bénéficier de l'enthousiasme marqué des investisseurs pour tout ce qui a trait aux réseaux sociaux».

L'entrée en Bourse de Facebook n'est pas attendue avant 2012, celle de Twitter n'est jamais évoquée officiellement, et celle de LinkedIn, un réseau pour professionnels, n'a pas encore été datée même si de premières démarches ont été accomplies.

«En outre, vu les solides démarrages en Bourse d'autres groupes internet chinois, comme Youku.com (+366%) et Qihoo (+95%), les investisseurs sont de toute évidence séduits par la tendance de long terme de la pénétration d'internet en Chine et les prévisions de croissance rapide de la publicité en ligne», notait encore Renaissance Capital.

Près de 43 millions d'actions ont été mises en vente par la société elle-même, qui devrait donc récupérer quelque 602 millions de dollars, le solde étant cédé par des actionnaires actuels. En cas de fort intérêt des investisseurs, qui semblait avéré mercredi, le groupe prévoyait de mettre sur le marché 7,96 millions d'actions supplémentaires, ce qui devrait rapporter plus de 11 millions de dollars supplémentaires.

Tous les analystes n'étaient pourtant pas convaincus, se méfiant d'un groupe jugé peu transparent.

Evoquant «le flou entre faits et fiction» entretenu selon lui par plusieurs groupes chinois, Jon Ogg, analyste du site spécialisé 247WallSt.com, soulignait que «rien que la semaine dernière on a appris que la société (Renren) avait revu en baisse ses chiffres de croissance».

«Puis hier on a appris que le responsable de son comité d'audit avait démissionné», ajoutait M. Ogg, selon lequel en outre, le prix de Renren semblait élevé.

«Le prix de cette imitation de Facebook est valorisé à un multiple de ses recettes qui est environ le double de celui retenu pour le vrai Facebook», soulignait-il.

Renren, dont le nom signifie «tout le monde» en chinois a été fondé en 2005, un an après Facebook. C'est le réseau social le plus populaire en Chine, d'autant plus que son concurrent américain est bloqué par la censure gouvernementale. Il revendique 117 millions d'«utilisateurs activés» au 31 mars, et deux millions de nouveaux utilisateurs par mois.

Renren a indiqué que son chiffre d'affaires s'était élevé à 76,5 millions de dollars en 2010, et 20,5 millions de dollars sur le seul premier trimestre 2011, en hausse de plus de 46% sur un an, avec une perte trimestrielle nette de 2,6 millions de dollars, très réduite sur un an.

Son PDG Joseph Chen, diplômé notamment du prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) et de l'université Stanford aux États-Unis, était venu sonner la cloche d'ouverture de Wall Street pour l'occasion.

«Aujourd'hui Renren est devenu le premier réseau social à être coté au NYSE», s'est-il réjoui. «Cela nous rapproche de notre objectif, qui est de (...) révolutionner la façon dont les gens en Chine se connectent, communiquent, s'amusent et font leurs achats».