Avec la montée en popularité de Facebook et plus récemment, Twitter, nombreux sont ceux qui ont prédit la mort des blogues. «Ils font tellement 2004», écrivait il y a quelques années le magazine technologique Wired.

Par chance, David Karp ne les a pas écoutés. En 2007, alors qu'il n'avait que 20 ans, il a lancé le site de création de blogues Tumblr.

Aujourd'hui, Tumblr fait mentir tous ceux qui envisageaient un sombre avenir pour les blogues. Il en héberge 16 millions et voit arriver près de 50 000 nouveaux membres chaque jour.

«Sur Facebook, nous nous ressemblons tous. Ce réseau ne définit pas votre identité. Nous avons tous besoin d'un espace en ligne qui dit qui nous sommes», dit le président de l'entreprise, John Maloney.

Tubmlr se définit donc comme le réseau «de vos intérêts et de vos passions». Un peu à l'image du réseau Twitter, on peut y suivre des gens qui partagent les mêmes intérêts que nous. Pas besoin de formation technologique pour y publier des billets : on peut notamment les transmettre par courriel et par téléphone.

Jusqu'ici, Tumblr a réussi à attirer un public qui a de toute évidence un sens du design aiguisé.

Il faut dire que la plateforme de blogue offre une grande liberté à ses membres. Pas de carcan graphique, on peut faire de son Tumblr ce que l'on veut. Quand on sait ce qui est arrivé avec MySpace, plombé par des pages aux couleurs et animations criardes, n'est-ce pas un peu risqué?

Son président croit que déjà, Tumblr prouve que ses membres ont bon goût. «Le ton de Tumblr est donné : ça permet de faire preuve de créativité incroyable. Notre mission est de devenir la place où les gens les plus créatifs du monde se retrouvent», dit John Maloney.

Plusieurs ont craqué. Du réalisateur Wes Anderson au chanteur John Legend, en passant par le Globe and Mail et le New York Times, Tumblr est en voie de devenir un incontournable, au même titre que Facebook et Twitter.

Gérer la croissance

La croissance de Tumblr ne s'est toutefois pas faite sans heurts. De nombreuses interruptions de service ont affecté la plateforme au cours des dernières années, si bien qu'un populaire bédéiste du web, The Oatmeal, y a consacré un de ses dessins.

«Cher Tumblr, si vous voulez être en panne, vous feriez mieux de blâmer la chose sur un animal imaginaire, comme Twitter l'a fait avec sa Fail Whale», écrivait-il.

La tactique a fonctionné : l'équipe de Tumblr s'est servi du dessin d'une bête verte imaginaire pour illustrer les problèmes techniques qu'elle connaît parfois.

«Le plus gros défi que nous ayons eu, et nous avons été transparents à ce sujet, en est un de performance. Nous commençons à nous en sortir maintenant. Nous avions besoin de plus d'ingénieurs, de plus de serveurs», dit John Maloney.

L'équipe de Tumblr a donc crû de manière exponentielle au cours des derniers mois et continuera de le faire.

Dans ses bureaux new-yorkais, John Maloney balaie de la main les étages supérieurs et inférieurs. Bientôt, dit-il, Tumblr prendra possession des lieux pour loger les 50 employés supplémentaires qu'il veut embaucher d'ici la fin de l'année.

En forte progression aux États-Unis, Tumblr doit maintenant convaincre un public international.

«Nous voulons que les choses soient parfaites au niveau local avant, pour gérer notre croissance intelligemment», dit John Maloney, qui précise que chaque marché est différent.