Avez-vous peur de mourir? Est-on déjà entré chez vous par effraction? Vos sandwichs, vous préférez qu'ils soient coupés à la verticale ou à l'horizontale?

Le site internet Hunch ne connaît pas le tact. À peine vous rencontre-t-il que déjà, il vous bombarde de questions indiscrètes ou carrément farfelues, vous fait faire des choix auxquels vous n'auriez jamais pensé.

«La fin justifie-t-elle toujours les moyens?», demande Hunch. Pour les créateurs du site internet, il semble que oui. Dans ce cas-ci, la fin, c'est de mieux vous connaître, pour mieux vous servir.

Lancé en 2009, Hunch fait le pari ambitieux d'aider les internautes à voir clair dans le maelström d'informations disponibles sur le web.

Son fondateur, Chris Dixon, dit qu'il «parie sa carrière» sur la personnalisation du web.

«L'information sur le web croit de façon exponentielle, il y a une surcharge. Comme Google a aidé à trier l'information en fonction des mots-clés, nous essayons de trier l'information selon les goûts des gens», dit le créateur du site.

Chris Dixon n'en est pas à ses premières armes dans l'industrie du web. En 2006, il a vendu à McAfee une entreprise de sécurité dont il était le PDG et cofondateur, SiteAdvisor. Il s'est adjoint une équipe de 17 personnes.

«Nous voyons l'internet comme un internet tourné vers les gens. Avec Facebook et Twitter, les gens ont une identité plutôt que d'être identifié par un fureteur», dit Chris Dixon.

À partir des réponses fournies par les internautes, notamment, Hunch a établi 50 milliards de corrélations, à partir desquelles l'outil fait des «prédictions» sur les gens et tente «de modéliser leurs goûts».

Il y parvient assez bien. Par exemple, avec un seul identifiant Twitter, Hunch a réussi à deviner correctement mes positions sur la légalisation de la marijuana, l'allaitement en public, et a deviné (correctement) que je regarde au loin lors d'une prise de sang!

Du concept au produit

Hunch doit maintenant faire ses preuves. Jusqu'ici, les prédictions qu'il fournit aux internautes sont plutôt justes, mais l'équipe derrière le site a quelque peu peiné à expliquer comment on pouvait profiter de ce service. Business Week a placé le site internet dans sa liste «d'entreprises en démarrage les plus intrigantes», ce qui n'est pas nécessairement pratique quand on tente de vendre un nouveau concept.

«Au début, les gens ne comprenaient pas à quoi Hunch allait servir, reconnaît Chris Dixon. Si on fait un service de partage de photos, tout le monde comprend à quoi ça sert. Mais quand on créée quelque chose de nouveau, les gens essaient de l'associer à quelque chose qu'ils connaissent déjà.»

Il croit que les choses sont désormais plus claires, notamment grâce à des produits dérivés des données de Hunch.

L'entreprise développe notamment une application qui fournira aux personnes qui la téléchargeront un magazine personnalisé, qui leur indiquera par exemple des restaurants qu'ils pourraient aimer, ou encore des lieux à visiter en fonction de leurs goûts.

Les développeurs peuvent également utiliser l'interface de programmation (API) de Hunch pour leurs propres applications. Ainsi, le site internet Gifts.com se sert des données de Hunch pour faire des recommandations à ses clients.

Cette semaine, c'est Samsung qui a développé une application promotionnelle pour sa Smart TV. En répondant à des questions sur le web, les internautes recevaient des suggestions de films qu'ils étaient susceptibles d'aimer.

Mais lors de son entrevue à Technaute en mars, le fondateur de Hunch assurait que bien qu'il ait été contacté par plusieurs agences de publicité, se lancer dans ce domaine n'est pas dans ses visées. Il reconnaît toutefois qu'avec les données que possède Hunch, ce serait l'une des voies possibles.

«La publicité ne figure pas au nombre de mes intérêts personnels, dit Chris Dixon. Je ne veux pas passer ma vie à travailler là-dessus.»

Pour l'instant, Chris Dixon ne voit pas de compétiteur direct à Hunch. Il cite Amazon qui donne des recommandations à ses membres et admet que des géants pourraient décider de copier la concept.

«Facebook et Google ont de l'argent en quantité illimitée. Quand on part une entreprise, on fait toujours face à la possibilité qu'une compagnie plus grosse que la nôtre fasse la même chose. Mais je crois que nous avons assez de technologie pour nous assurer que si Google décide de faire la même chose, ils en ont pour au moins 18 mois!»

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