«Je m'appelle Haaris Khan. Je ne suis pas antisémite. Je ne suis pas un terroriste. Je ne représente pas une menace pour les étudiants», assure un étudiant de l'Université McGill après avoir écrit la semaine dernière sur Twitter qu'il avait envie de «tirer tout le monde dans la pièce» et qu'il regrettait de n'avoir pas apporté un M-16.        

«Mes commentaires sur Twitter la semaine dernière ont causé beaucoup d'inquiétude aux étudiants, aux services de sécurité de l'université, à l'administration et à la police. Je reconnais la gravité de mes écrits, mais ils se voulaient une plaisanterie», écrit maintenant cet étudiant en développement international et en informatique dans une lettre envoyée au journal de McGill.

Haaris Khan a écrit ses commentaires sur Twitter alors que, avec une vingtaine d'autres étudiants, il regardait un documentaire qu'il jugeait offensant pour les Palestiniens. Le film avait pourtant été mis à l'affiche par le groupe Conservative McGill dans le cadre d'une semaine de sensibilisation à la tragédie palestinienne.

Menace prise au sérieux

Les écrits de Khan sur Twitter ont créé une commotion telle que la rectrice, Heather Monroe-Blum, a senti le besoin d'écrire à l'ensemble du campus pour dire que la menace avait été prise au sérieux et qu'il y avait eu «coopération ininterrompue entre l'Université et la police du début à la fin de l'enquête».

«Dans le cas où une menace est jugée sérieuse, l'Université se réserve le droit d'expulser un étudiant, et ce, même avant la tenue d'une audience, et émet aussitôt un avertissement à un individu, un groupe ou à la collectivité. Pour McGill, rien n'est plus important que la sécurité des membres de sa collectivité», écrit Heather Monroe-Blum, qui ajoute cependant que la confidentialité lui interdit de dire si l'étudiant ferait l'objet de mesures disciplinaires.

La rectrice s'inquiète enfin du fait que les excès de langage soient de plus en plus répandus. «Je dois admettre que, depuis quelques années, je suis de plus en plus préoccupée par l'escalade d'excès rhétoriques, la déformation d'arguments politiques et les discours hautement corrosifs qui, vraisemblablement, sont destinés à diaboliser et détruire.»

Morton J. Mendelson, responsable de la vie étudiante à l'Université McGill, a jugé nécessaire pour sa part d'expliquer pourquoi l'affaire avait été traitée de façon plutôt confidentielle. «Certains ont avancé que l'Université aurait dû lancer une alerte plus large pour aviser tout le monde de ces messages, écrit-il. En fait, il faut éviter de causer une panique inutile et de publiciser de fausses alarmes qui amèneraient les gens à réagir nonchalamment si une menace réelle survenait.»

Haaris Khan plaide maintenant pour ne pas être expulsé de l'université. Avant qu'il ne fasse ses commentaires sur Twitter, le journal étudiant The McGill Daily avait publié quelques-unes de ses opinions, notamment en février, sur la révolution égyptienne.