La grogne populaire qui a finalement mené le CRTC à revoir sa politique sur certains enjeux du secteur des télécommunications ne s'invitera pas à la réunion que l'organisme compte tenir à ce sujet la semaine prochaine. C'est que cette réunion se fera sur invitation seulement.

En rencontrant des acteurs de l'industrie qu'il aura lui-même invités à cette réunion, qui se tiendra les 23 et 24 mars prochains, le CRTC espère faire le point sur la réglementation à adopter face aux technologies numériques, dans un contexte où les télécommunications et la télédiffusion semblent de plus en plus devenir une seule et même chose, convergence oblige.

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Or, le grand public ne sera pas de la partie, l'événement se tenant en privé. Seul défenseur de l'intérêt public invité, l'organisme OpenMedia.ca compte néanmoins imposer le point de vue d'une majorité d'internautes, en faveur d'un accès libre aux nouvelles technologies.  OpenMedia.ca est derrière la pétition qui a notamment incité le CRTC à revoir sa décision au sujet de la facturation selon l'utilisation de l'accès à internet.

«Le manque d'accès du public risque de transformer cette réunion en une autre de ces séances de lobbying par les grandes sociétés de télécom», craint l'organisme vancouvérois. Il recommande au CRTC de diffuser en direct sur l'internet la réunion. L'organisme fédéral a confirmé qu'il publiera la liste des convives, arguant que c'est suffisant pour démontrer l'équilibre entre les grandes sociétés, les diffuseurs, les producteurs de contenu et le public canadien.

Plusieurs enjeux à débattre

Cette réunion prend plus d'importance chaque jour, alors que des services concurrents étrangers, comme le service de vidéo sur demande Netflix, livrent une rude bataille aux diffuseurs traditionnels. Pourtant, Netflix n'est pas considéré comme un distributeur de contenu, selon la définition du CRTC.

En même temps, les fournisseurs d'accès à internet sont aux prises avec une demande de bande passante en forte croissance, notamment en raison de l'émergence de services comme Netflix, justement. C'est un facteur qui les pousse à chercher de nouvelles façons d'accroître leurs revenus tout en limitant la consommation de contenu diffusé sur l'internet.

Une approche privilégiée est la facturation à l'usage, qui a récemment reçu l'aval du CRTC, mais qui a fait rager le public canadien à un tel point que le ministre de l'Industrie Tony Clement est lui-même intervenu, invitant l'organisme à repousser l'application de sa décision de deux mois, le temps d'en revoir l'impact global.