Google a lancé une nouvelle offensive contre les sites «à la demande» ou «fermes à contenu» générés pour répondre à l'intérêt des internautes mais aussi parfois des seuls publicitaires, en annonçant que son moteur de recherche rétrograderait les sites de «mauvaise qualité».

«Nous avons lancé une amélioration assez importante de l'algorithme de nos classements - un changement qui touche 11,8% des recherches», ont indiqué jeudi des ingénieurs de Google, Amith Singhal et Matt Cutts, sur le blog officiel du groupe.

«Cette actualisation vise à rétrograder les sites de mauvaise qualité - les sites qui apportent peu de valeur pour les internautes, qui copient des contenus d'autres sites, ou qui ne sont tout simplement pas très utiles», ont-ils ajouté.

«En même temps, cela fournira un meilleur classement pour les sites de qualité, ceux qui ont des contenus originaux, et des informations comme de la recherche, des études détaillées, des analyses réfléchies».

Cette offensive répond aux critiques d'internautes ayant décelé une dégradation de la qualité des résultats de recherches sur Google, et prolonge une initiative prise le mois dernier.

Le groupe californien avait alors annoncé un premier changement de ses calculs pour purger son moteur de recherche des sites internet plus ou moins bidons, dits «webspam».

Il avait aussi annoncé son intention d'identifier les «fermes à contenu», un terme péjoratif qu'il n'a pas utilisé cette semaine et visant des sites copiant des informations éparses répondant à des questions précises et qui, selon leurs détracteurs, n'ont pour seule raison d'exister que d'attirer de la publicité.

Google n'a pas précisé quels sites étaient visés.

À la bourse de New York, l'action du groupe Demand Media, une société qui se plaint d'être traitée de «fermes à contenu», a perdu juqu'à 4% avant de se redresser et de finir en hausse de 1,59% (à 22,96 dollars), après avoir assuré ne pas être concernée.

«Il est impossible de spéculer sur l'impact qu'auront les changements», a assuré sur le blog de Demand Media un des dirigeants de la société, Larry Fitzgibbon. «Mais pour le moment nous n'avons pas constaté de gros impact».

Le fonctionnement de Demand Media, comme de certaines filiales des groupes internet Yahoo! et AOL, repose sur l'utilisation d'armées de pigistes, sollicités pour produire des pages sur des sujets recherchés par les internautes, mais peu présents sur le web et à fort potentiel publicitaire: c'est le retour sur investissement publicitaire qui détermine les sujets sur lesquels on écrit ou on publie des vidéos.

À terme Google, dont l'initiative a été globalement saluée par les médias, prend le risque de se poser en arbitre de la qualité.

«Les gens n'aiment pas que Google ait autant de pouvoir et de contrôle sur internet», remarque Greg Sterling, un des responsables du site SearchEngineLand, interrogé par l'AFP. «Les contributeurs (des sites «fermes à contenu») ont l'impression d'être dévalorisés».

Sur le site Webmasterworld, plusieurs webmestres se sont plaint d'une subite chute de trafic, comme l'internaute «rowtc2». "Cela fait plus de quatre ans que je gère un site, beaucoup d'heures de travail, j'ajoute du contenu et de la valeur, j'obtiens des liens ... et maintenant ... une chute de 29% du trafic (...) c'est plutôt démoralisant!", y écrit-il.

«Google est dans une situation difficile», résume M. Sterling. «Son succès a engendré tout une économie avec des pigistes qui produisent des articles conçus pour susciter de la publicité et bien figurer dans les résultat de recherche».

En même temps, «Google est critiqué de toutes parts parce qu'il a trop de spam, et se rend compte que s'il ne résout pas ce problème, c'est son existence qui est menacée».