Alors que des boursicoteurs attendent avec une impatience mal contenue le débarquement des startups technos les plus populaires de l'heure sur les marchés boursiers, des critiques du secteur des finances ont trouvé dix bonnes raisons pour prouver que la bulle techno est de retour. Cette fois, c'est dans les médias sociaux que ça se passe.

Vu les événements politiques des dernières semaines à l'échelle de la planète, il est difficile de ne pas trouver une valeur intrinsèque élevée à de jeunes entreprises comme Facebook et Twitter. N'eût été ces deux-là, l'Égypte serait peut-être encore à l'ère des Pharaons, alors que seuls les internautes canadiens millionnaires auraient encore accès à internet, un octet à la fois.

Inutile de dire que les gens ayant fondé et financé ces entreprises ont hâte de voir leur placement profiter, et en 2011, l'entrée en Bourse pourrait être une voie privilégiée par plusieurs.

Pourtant, valeur sociale et valeur boursière ne vont pas de pair.

Attribuer à Facebook une valeur marchande de 60 milliards de dollars US, ce qui est supérieur à celle de la plupart des constructeurs d'automobiles, alors qu'il s'insère plutôt mal dans l'échiquier médiatique actuel - financièrement parlant -, est un fait que des critiques mettent en doute.

Il en va de même pour Twitter, dont la valeur présumée de 10 milliards de dollars US, alors que le service tarde à générer des revenus. En fait, les profits sont encore plus loin, les projets d'insertion de publicité sur Twitter n'en étant encore qu'à un stade embryonnaire.

Ailleurs dans le secteur technologique, d'autres entreprises très émergentes empochent présentement des sommes importantes alors qu'elles font l'objet d'une course à la nouveauté mettant aux prises des rivales plus classiques. Visa et PayPal, par exemple, ou tous ceux qui se préparent pour des technologies émergentes comme la géolocalisation, l'achat groupé et le paiement par téléphone mobile.

Dans un article publié hier, le portail américain PaidContent.org cite la firme de consultation technologique Broadsight, qui estime que le secteur technologique nord-américain amorce une nouvelle bulle de valorisation boursière, surtout en raison de la situation unique de ces nouveaux médias sociaux. Alain Patrick, son cofondateur, résume la situation en dix points :

1- L'arrivée de nouvelles sociétés ne pouvant être évaluées selon une formule traditionnelle (par exemple, par un multiple des profits ou des revenus);

2- Il se crée toute une procession d'apôtres et d'évangélistes aux affirmations toutes plus farfelues les unes que les autres (« Twitter signifie la fin du journalisme »);

3- Des cofondateurs d'une de ces nouvelles sociétés font financer d'autres projets encore plus pointus pour des sommes à faire pleurer (Square, Jack Dorsey, ex-Twitter);

4- Les fonds de capital-risque font les yeux doux à des nouvelles sociétés (Facebook, Groupon, etc.);

5- Des sociétés n'ayant encore rien développé obtiennent du financement à partir d'un simple diaporama très convaincant;

6- Des gestionnaires quittent leur boulot à la banque pour lancer leur propre nouvelle société techno;

7- Il se crée une période de flottement boursier;

8- Au tour des banques d'investir des fonds de retraite dans ces nouvelles sociétés;

9- Les chauffeurs de taxi donnent soudainement des conseils d'investissement;

10- Une nouvelle société achète pour un prix démesuré une entreprise établie dans un secteur à la croissance minimale.

Les inscriptions en Bourse des jeunes géants des médias sociaux sont attendues au cours de 2011 et 2012. On verra bien si on dépassera l'étape 4 d'ici là, ou si les investisseurs boursiers ont retenu la leçon apprise à la dure en 2002...

>>> Suivez-moi sur Twitter: @mcken