Des experts de l'internet réunis à Carthagène en Colombie ont lancé des appels en faveur de la création d'un domaine «.xxx» pour les sites à contenus pornographiques.

«Vu qu'on ne peut pas lutter contre le secteur de la pornographie sur internet, un monstre à mille têtes dont les propriétaires font des milliards de dollars de bénéfices chaque jour, nous demandons qu'ils soient socialement responsables et qu'ils adoptent des codes éthiques», plaide Carmen Sanchez.

Cette porte-parole de l'organisation non gouvernementale ICSR (Internet Engagement social et Responsable) espère que la 39e réunion de l'Icann, l'organisme basé en Californie qui réglemente les noms de domaine pour le monde entier, donnera vendredi son feu vert à l'approbation du domaine «.xxx», pour rassembler les pages à contenus pornographiques.

Ainsi «nous aurions une sorte de zone rouge sur le web où, sous le grand nom de +.xxx+ nous pourrions identifier clairement ces pages comme étant celles qu'on ne veut pas que nos enfants voient, et nous pourrions les bloquer sur l'ordinateur», a-t-elle souligné.

«Un domaine exclusif pour les divertissements pour adultes a des avantages parce que cela permet un plus grand contrôle sur le contenu et, de plus, pour chaque page web qui intègre notre domaine, nous donnerons 10 dollars (7,5 euros) pour financer des initiatives de protection de l'enfance», affirme Suart Lawley, de la société ICM Registry, propriétaire du domaine «.xxx».

Selon Lawley, tout comme l'industrie aéronautique a son domaine «.aero», et le mouvement coopératif «.coop», l'industrie pornographique devrait pouvoir utiliser «.xxx».

ICM Registry réclame depuis 2004 la création du nom de domaine, qui lui promet des gains importants, sur la base d'un prix de 60 dollars par adresse.

Si l'Icann approuve la création du domaine «.xxx», environ 500000 sites pourraient s'inscrire en 2011, selon les estimations.

Des porte-parole de l'organisme ont démenti que ce retard soit dû à des pressions de groupes religieux et conservateurs américains qui militent contre la création du domaine, accusé d'accélérer la banalisation de la pornographie.

L'Icann a au contraire revendiqué sa neutralité dans le débat.

«L'arrivée sur le web de nouveaux domaines génériques est nécessaire pour promouvoir la concurrence, l'innovation, et la possibilité pour le consommateur d'accéder sainement (à des contenus) et avec des mesures appropriées de protection qui minimisent les risques», a déclaré Rod Beckstrom, son président.

Selon des chiffres de l'ONG Internet Engagement social et Responsable, la pornographie sur internet génère 3.000 dollars (2.266 euros) par seconde dans le monde, et le terme «sexe» représente un quart des recherches les plus fréquentes sur la toile.

Un millier d'experts de l'internet sont réunis à Carthagène, à 1.000 km au nord de Bogota, pour préparer la transition entre l'actuel protocole IPv4 (Internet protocol version 4), associant une adresse unique codée à chaque ordinateur, et le protocole d'avenir, IPv6, qui existe déjà mais reste très peu utilisé.