En arrivant chez lui au sortir d'une fête de Noël, le cadeau d'Eoin Blackwell fut pour le moins amer: son compte en banque avait été vidé. Ses données personnelles, volées depuis la Roumanie, avaient été vendues à des criminels opérant depuis l'Italie.

3.000 dollars australiens: c'est le montant que les cybervoleurs lui ont dérobé en toute facilité et en quelques minutes.

«J'ai découvert que je n'avais plus d'argent en voulant payer le taxi. Ma première réaction a été: mais c'est quoi ce bazar?»

Sa banque lui a ensuite confirmé que son compte avait été vidé, l'argent «retiré à Milan». L'enquête a pris six semaines mais «à la fin j'ai récupéré mon argent».

M. Blackwell fait partie des 65% d'utilisateurs de l'internet dans le monde victimes de la cybercriminalité, une activité si lucrative qu'elle rapporte beaucoup plus que le trafic de drogue.

«Les vols d'informations sur l'identité et leur utilisation frauduleuse constituent un problème de plus en plus important», confirme Neil Gaughan, chef de la division cybercriminalité au sein de la police fédérale australienne. «Ce type de criminalité se répand dans tous les pays, à tous les niveaux de la société».

Selon les faits décrits dans une campagne australienne visant à mettre en garde contre ces pratiques, des informations sur l'identité sont dérobées toutes les 3 secondes, et 43 millions de faux antivirus envoyés chaque année vers nos ordinateurs permettent aux malfaiteurs de mémoriser les codes d'accès.

Grâce à des éléments d'identité complets dérobés, permettant de se faire établir un passeport ou un permis de conduire, un cybercriminel peut gagner jusqu'à 23 000 dollars australiens par mois.

«Les gens pensent que ça ne peut pas leur arriver», explique M. Gaughan, responsable de la campagne australienne itinérante sur les dangers de la cybercriminalité.

«On ferme sa porte à clef mais on n'a pas encore ce réflexe de protéger des informations personnelles de haute valeur accessibles sur internet», souligne le procureur général Robert McClelland.

Dernière découverte qui date de ce mois-ci, celle d'informations concernant un millier d'Australiens, mises en vente sur un site internet vietnamien et contenant notamment des numéros de cartes de crédit dérobés, selon la police, en janvier.

Selon Brian Hay, chef des enquêteurs, il ne fait «aucun doute» que ces informations volées étaient destinées à des opérations de fraude.

Son unité d'enquête a également mis au jour un réseau menant à l'Afrique du Sud, qui vendait des billets d'avion non valables achetés à l'aide de fausses cartes de crédit, et revendus ensuite.

Pour Neil Gaughan, la nature transnationale des fraudes sur internet rend les enquêtes difficiles, laissant les policiers constamment à la traîne des cybercriminels. Une plus grande coopération entre les différentes polices mais aussi avec des sites comme Facebook s'impose, selon lui.

«J'ai des discussions régulières avec Facebook. J'évalue à 80% les Australiens de plus de 18 ans qui utilisent ce site de réseau social et malheureusement, il y a des gens qui y font des choses pas très nettes».

Selon M. Gaughan, Facebook pousse à la mise en place d'un groupe de police régional, permettant aux autorités australiennes et à celles d'autres pays de la région Asie-Pacifique d'agir de façon «plus rapide et efficace». «C'est un projet en cours», dit-il.