Qu'on y jette un oeil attentif ou qu'on les jette directement au recyclage, les aubaines des supermarchés et grandes chaînes sont livrées à notre porte chaque semaine. Mais certains font le pari que les rabais ont de l'avenir dans le numérique.

En 14 ans d'existence, les propriétaires du restaurant Juniper d'Ottawa n'avaient jamais offert de rabais à leurs clients. C'était avant que des représentants du site internet Groupon les joignent pour leur proposer de le faire.

Pendant trois jours en septembre, Groupon a donc offert des chèques-cadeaux de 50$ chez Juniper pour la moitié du prix.

«Ça a été fantastique, dit Paul Monroe, directeur du restaurant. Près de 600 personnes ont acheté un certificat, on espérait en vendre 300.»

Lancé il y a deux ans par un Américain, Groupon est le leader des bonnes aubaines en ligne. Le concept est simple: l'internaute choisit sa ville, puis chaque jour Groupon lui offre un rabais différent dans sa région. Les commerçants n'ont presque rien à faire, sinon donner une partie des profits de la vente à Groupon.

Un concept simple qui rapporte gros. En août, Forbes a écrit que Groupon était l'entreprise avec la «croissance la plus rapide jamais vue».

Depuis son lancement, Groupon s'est installé au Canada et les résidants d'Ottawa, de Vancouver et de Toronto peuvent notamment en profiter. Montréal sera «bientôt» dans la liste, promet une porte-parole de Groupon. En attendant, les Québécois peuvent se diriger vers le site «Promo du jour» créé par le site de petites annonces en ligne LesPac, ou encore sur le site Teambuy.ca. Tous deux offrent des rabais un peu de la même façon que Groupon.

Peut-on dire adieu aux rabais postaux comme on a l'habitude de les voir? Pas tout de suite, dit Jacques Nantel, professeur titulaire en marketing à HEC Montréal. «Plus de 65% des ménages consultent encore le Publi-Sac. Mais c'est certain qu'avec les nouvelles technologies, on va migrer vers d'autres supports, notamment les coupons électroniques et les cellulaires.»

Des coupons mobiles

Les Québécois qui ont lancé Prime sans-fil en septembre dernier ont étudié attentivement le modèle web de Groupon, mais c'est vers le modèle Air Miles - version cellulaire - qu'ils se sont finalement tournés.

Leur service prend la forme d'une application que l'on installe sur son téléphone cellulaire. Une fois l'application téléchargée, des publicités s'affichent en fond d'écran. Chaque publicité qui est ainsi affichée donne des points au propriétaire de l'appareil qui peut ensuite les échanger contre des produits.

Une fois leur service bien lancé, les responsables de Prime sans-fil pourraient offrir des rabais en se fiant à la localisation géographique des utilisateurs. Ce n'est pas pour tout de suite, dit toutefois Martin Masson, un des associés de l'entreprise.

«Je ne suis pas certain que les gens sont prêts à ça. Le cellulaire est tellement personnel, on ne veut pas non plus envahir les gens et qu'ils soient tannés. On veut de la publicité intéressante.»

Jacques Nantel croit toutefois que l'avenir des rabais passe par les téléphones. «L'envers du coupon, c'est la traçabilité du consommateur. Ces choses-là ne sont pas nouvelles, on s'y intéresse depuis longtemps. Sauf que maintenant, la technologie est tellement avancée qu'on peut le faire de manière très efficace.» Par exemple en offrant des rabais à une personne qui passe près d'une boutique ou d'un restaurant.

Mais qu'elles soient numériques ou pas, les aubaines ponctuelles sont là pour rester.

«L'attrait du rabais est transgénérationnel. C'est la façon d'acheminer le message qui change», philosophe Jacques Nantel.

Facebook dans la mêlée



Le site de réseautage social Facebook a dévoilé mercredi dernier sa nouvelle plateforme de rabais en ligne «Deals». Quand un membre de Facebook indiquera qu'il se trouve dans un commerce qui est inscrit à la plateforme «Deals», il pourra obtenir des offres spéciales. Par exemple, un internaute qui entre dans une pizzéria et en avise ses amis Facebook pourrait obtenir un rabais, et accessoirement faire de la publicité sur son fil d'actualité. Les commerces pourront également récompenser les clients fidèles ou encore ceux qui amènent des amis avec eux. Le but avoué de cette nouvelle plateforme: convaincre des consommateurs de se présenter chez les annonceurs. Le bassin de clients potentiels n'est pas mince: selon Facebook, 200 millions de personnes accèdent au site au moyen d'un appareil mobile.

La chaîne Gap fait partie des premiers annonceurs à tenter l'aventure «Deals» et l'entreprise a annoncé qu'elle allait donner des jeans au hasard à ceux qui enregistreront leur présence dans ses commerces. Pour l'instant, «Deals» n'a été lancé qu'aux États-Unis, mais le service devrait s'étendre à d'autres pays sous peu.