Le site de socialisation Facebook est confronté à un tollé de ses utilisateurs, inclus sans le vouloir dans des «groupes» d'amis formés sur le site, une innovation pourtant censée leur donner plus de contrôle dans la gestion de leurs informations.

Deux autres innovations annoncées mercredi ne font pas débat, même si certains jugent qu'elles pourraient être raffinées: l'une permet de télécharger toutes les informations qu'on a confiées au réseau social, afin de pouvoir les utiliser sur d'autres supports, et l'autre de mieux contrôler les applications utilisées et les données qu'on leur confie.

En revanche, la fonction «Groupe», qui remplace une application de liste d'amis largement ignorée, a suscité un tollé.

Jason Calacanis, une des figures les plus connues de la Silicon Valley, s'est ainsi rendu compte que l'un de ses «amis» de Facebook l'avait inscrit sans le consulter à un groupe d'une association prônant «l'amour homme/garçon».

«On ne m'a jamais demandé si je voulais rejoindre» ce groupe, et «je n'ai jamais été informé que j'étais inscrit de "force"», s'est plaint M. Calacanis.

«Si vous voulez tester vos nouvelles fonctions avec moi avant de les lancer, je pourrais probablement vous épargner quelques procès chaque année pour violation de la confidentialité», ajoutait M. Calacanis dans un courriel acide adressé aux deux principaux dirigeants de Facebook, Mark Zuckerberg et Sheryl Sandberg.

Mais le réseau aux 500 millions d'utilisateurs ne semble pas douter des avantages de son innovation, préférant laisser aux internautes la responsabilité de bien choisir qui ils fréquentent en ligne, plutôt que d'instaurer un processus de confirmation par défaut qui risquerait de limiter l'utilisation des groupes.

«Si un de vos amis vous ajoute à des groupes auxquels vous n'avez pas envie d'appartenir, ou se comporte d'une façon qui ne vous plaît pas, vous pouvez lui dire d'arrêter, le bloquer, faire qu'il ne soit plus votre ami - et il n'aura plus jamais la possibilité de vous ajouter à aucun groupe», a fait valoir un porte-parole du site, Jaime Schopflin.

D'autres utilisateurs se sont plaint de la difficulté à garder le contrôle de la composition d'un groupe.

«Imaginez: vous créez un groupe avec vos dix meilleurs amis pour échanger des photos et des informations sur vos enfants. L'un d'eux ajoute quelques autres personnes en qui il a confiance et ainsi de suite, et votre groupe qui était "privé" est maintenant exposé à des amis d'amis d'amis - qui probablement ne sont pas vos amis», résumait Danny Sullivan, rédacteur en chef du site Search Engine Land.

Là encore, M. Schopflin ne semblait pas douter du bien-fondé de la démarche de Facebook. Le système fonctionne «comme quand on ajoute un correspondant à une conversation par courriel», a-t-il assuré. «Et comme pour les identifications sur les photos, vous pouvez vous retirer d'un groupe à tout moment. Si vous vous retirez, un membre ne peut pas vous rajouter à ce groupe».

Lors de son lancement mercredi, cette nouvelle fonction avait été accueillie par des commentaires positifs, car elle permet de segmenter ses correspondants: aux uns les photos d'enfants, aux autres les photos de fêtes très arrosées.

Une organisation de défense du respect de la vie privée et de la confidentialité des informations, l'EFF (Electronic Frontier Foundation) se réjouissait notamment que Facebook ait instauré pour les groupes un réglage par défaut «privé»: cela signifie que la liste des membres est publique, mais que les informations échangées ne sont visibles que par les membres du groupe.

Les utilisateurs peuvent aussi choisir un réglage où tout est public, et un autre où tout est privé, y compris la liste des membres.