Free, qui a bousculé le monde des télécoms, fait de nouveau preuve de son non-conformisme en refusant de diffuser les courriels d'avertissement aux pirates envoyés depuis vendredi pour le compte de l'Hadopi, se différenciant une nouvelle fois des autres fournisseurs d'accès à internet.

Les autres fournisseurs d'accès «ont décidé de collaborer, nous nous contenterons juste de respecter la loi», soulignait mardi une porte-parole de Free alors que les premiers courriers d'avertissements aux internautes fraudeurs ont été établis par la Haute autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur internet (Hadopi). A charge pour les opérateurs de les faire suivre à leurs abonnés concernés.

Sollicités par l'AFP, ni le fondateur de Free Xavier Niel, ni le directeur général d'Iliad Maxime Lombardini n'ont souhaité s'exprimer mercredi. Free se justifie en revendiquant le respect de la confidentialité des «données personnelles».

Fournisseur d'accès à internet (FAI), Free dit avoir proposé «le principe d'un conventionnement, dans le courant de l'été, au ministère de la Culture et à l'Hadopi», dans le but «d'encadrer les échanges portant sur des données personnelles au sujet desquelles la Commission nationale informatique et liberté (Cnil) porte une attention particulière», mais sans avoir eu de «retour concret».

Mais au delà des problème de confidentialité, d'autres modalités du dispositif restent à discuter. Ainsi, les opérateurs ont renâclé à l'idée de prendre en charge les coûts liés à l'identification des pirates de l'internet.

Chez France Télécom, on reste prudent sur l'évaluation des coûts du dispositif qui démarre à peine et dont les montants restent à déterminer. Mais on souligne que ce coût pourra être évalué par rapport au cadre déjà existant pour les réquisitions judiciaires qui sont des «prestations standard facturées à l'acte», selon un porte-parole.

La démarche de Free suscite de nombreuses réactions et d'abord à l'Hadopi dont la présidente Marie-Françoise Marais a souligné que «la position actuelle de Free va porter atteinte aux droits de ses abonnés. En ne recevant pas le premier mail d'avertissement, ils n'auront pas l'information à laquelle ils pourraient prétendre, ce qui pourrait être fort désagréable pour eux».

De son côté, le Syndicat national de l'édition phonographique (Snep) a déploré l'attitude de Free qui «témoigne d'une volonté de ne pas respecter la loi». «Une telle attitude est d'autant plus déplorable qu'elle crée des distorsions de concurrence au détriment des autres fournisseurs qui, eux, la respectent», ajoute le Snep dans un communiqué.

Du côté du monde politique, le président de Debout la République (DLR) Nicolas Dupont-Aignan, vivement opposé à Hadopi, célèbre dans un communiqué «l'intelligence (et opportuniste) résistance de l'opérateur Free».

Il appelle les «consommateurs à résister» à cette «loi scélérate» en favorisant les fournisseurs, comme Free, qui refusent de poster les courriers d'avertissement aux pirates.

«C'est leur marque de fabrique, c'est quasiment leur slogan», a pour sa part estimé mardi sur RMC la secrétaire d'Etat à l'Economie numérique Nathalie Kosciusko-Morizet à propos de l'obstruction de Free, en ajoutant espérer un arrangement entre l'Hadopi et Free.

Opérateur qui se veut atypique, Free, challenger dans le marché de la téléphonie mobile est prêt à bousculer le secteur en cassant les prix, après avoir lancé, le premier en 2002, sa célèbre Freebox: web, téléphone, télévision sur ADSL... le tout pour la première fois pour seulement 29,90 euros par mois.