Depuis quelques années, les magazines destinés aux parents regorgent de conseils pour éviter la cyberintimidation. Un sociologue israélien s'est mis en tête de séparer le bon grain de l'ivraie dans toutes ces recommandations. Ce faisant, il s'est rendu compte que la cyberintimidation est étonnamment similaire avec sa version réelle.

«La plupart des techniques généralement proposées aux parents pour lutter contre la cyberintimidation ne sont pas efficaces», explique Gustavo Mesch, un chercheur de l'Université de Haïfa qui a épluché un sondage de la fondation Pew auprès de 1000 familles américaines. «Mettre l'ordinateur dans une aire commune, par exemple, n'a pas d'impact statistiquement significatif. Discuter des risques de l'internet, de la cyberintimidation et des sites qui intéressent l'adolescent non plus. Seule une surveillance active par les parents et des règles précises pour les sites que l'adolescent peut visiter réduisent vraiment le risque de cyberintimidation.» Dans l'échantillon de M. Mesch, qui date de la fin 2006, 48% des filles et 32% des garçons avaient déjà vécu de la cyberintimidation. Seulement 27% des adolescents, qui avaient de 12 à 17 ans, pouvaient aller sur internet à partir de leur chambre. Les deux tiers des parents limitaient le temps passé sur internet et 86% avaient des règles sur le type de site accessible, mais seulement 56% avaient installé un filtre. Plus de la moitié avaient des règles précises sur le type d'informations que l'adolescent pouvait donner alors qu'il était sur l'internet.

«Il faut penser aux réseaux sociaux comme si c'était la vie réelle, dit M. Mesch en entrevue téléphonique. Les intimidateurs à l'école sont les mêmes que sur l'internet. Les personnes qui sont en périphérie sont plus à risque. À l'école, ce sont les enfants qui n'ont pas beaucoup d'amis. Sur Facebook, c'est la même chose: les membres de Facebook qui ont beaucoup de liens et sont au centre de réseaux, qui ont beaucoup d'activité et de commentaires de différentes personnes, sont moins à risque. C'est paradoxal. Les parents ont l'impression que plus il y a d'activité sur la page de leur enfant, plus c'est inquiétant. Ils ont peur de perdre le contrôle. Mais au contraire, c'est quand l'enfant est isolé qu'il est le plus à risque. »