Les pratiques en matière de publicité de Google, qui totalise quelque 90% des recherches sur internet en France, ont été épinglées pour la première fois mercredi par l'Autorité de la concurrence, qui a réclamé plus de «transparence» au géant américain.

L'Autorité a estimé que le moteur de recherche avait refusé «de façon discriminatoire» de diffuser des liens commandités pour la société Navx, qui commercialise des bases de données de localisation des radars routiers pour GPS, a-t-elle annoncé dans un communiqué.

Navx l'avait saisie en février à la suite de la suspension «unilatérale» de son compte par le service de publicité par liens commandités de Google, AdWords, en novembre 2009.

Google arguait pour sa défense que «la publicité pour les avertisseurs (de radars, ndlr) et les bases de données était contraire à sa politique de contenus», redéfinie en 2008.

Mais le moteur de recherche n'a pas informé de la même façon toutes les sociétés concernées, par écrit, avant de suspendre leurs comptes, estime l'Autorité. En outre, les fabricants de GPS qui équipent leurs appareils de telles bases de données ne sont pas exclus d'AdWords.

AdWords a «été mis en oeuvre par Google dans des conditions qui manquaient d'objectivité et de transparence», juge l'Autorité qui a ordonné à Google de rétablir dans les cinq jours le compte de Navx.

Du fait de «la position dominante sur le marché de la publicité lié aux recherches» de Google, la discrimination envers certaines sociétés entraîne une distorsion de la concurrence dans leur secteur, explique l'Autorité.

Elle se prononçait à titre conservatoire (mesures d'urgence). La décision au fond n'est pas attendue avant plusieurs mois.

Navx, qui s'est déclaré «satisfait» de la décision, affirme avoir perdu 70% de son chiffre d'affaires dans les ventes sur internet aux particuliers depuis la fermeture de son compte et entend réclamer des dommages et intérêts.

«Nous restons confiants» quant à «la décision finale», a pour sa part réagi Google.

Pointant un manque de transparence, l'Autorité de la concurrence a aussi enjoint à Google de «clarifier, dans les quatre mois (...) la portée du règlement AdWords applicable aux dispositifs de contournement des contrôles routiers».

L'Autorité a par ailleurs été saisie, par le gouvernement, en février, d'une demande d'avis «concernant le fonctionnement de la concurrence dans le secteur de la publicité sur internet». Il est attendu après les vacances scolaires.

Cette saisine intervenait après que le président Nicolas Sarkozy s'était inquiété, en janvier, de «l'éventuel abus de position dominante acquise par Google» sur ce marché.