Le pirate informatique français accusé d'avoir infiltré en 2009 le réseau social Twitter, dont un compte ouvert au nom de Barack Obama, a été condamné jeudi à cinq mois de prison avec sursis par le tribunal de Clermont-Ferrand.

Les magistrats se sont montrés plus sévères que le parquet, qui avait requis deux mois de prison avec sursis et mille euros d'amende à l'encontre de François Cousteix dit «Hacker-Croll», 23 ans, passible de deux ans ferme pour «intrusion dans un système de données».

Le jeune homme a accueilli le jugement avec le sourire, se disant «soulagé». A la sortie du tribunal, ses parents, entourés de leurs cinq autres enfants, ont eux aussi estimé que c'était «une bonne nouvelle» et que leur fils ne ferait pas appel.

Auparavant, l'accusé s'était défendu d'être un «hacker», un pirate informatique.

«Vous définissez-vous comme un hacker?», lui a demandé la présidente du tribunal à l'ouverture de son procès.

«Non, pas au sens propre du terme. Je n'ai rien détruit, j'aurais pu le faire, mais je ne l'ai pas fait. Ce n'est pas mon éthique», a expliqué François Cousteix, 23 ans, costume noir strict et chemise blanche.

Il a ajouté qu'il voulait juste montrer que «le maillon faible n'est pas la machine mais l'humain».

«Je l'ai fait dans un but préventif, pas dans le but de nuire... C'était pour sensibiliser les internautes» sur le choix de leurs mots de passe», a-t-il encore dit.

Pour l'avocat de la défense, Me Jean-François Canis, cette affaire a surtout été «profitable à Twitter», qui a depuis mis au point de nouvelles procédures de sécurité.

«Grâce à mon client, ce réseau social est plus fiable qu'auparavant et ses utilisateurs mieux protégés», a-t-il dit.

Somme toute, a-t-il conclu, «la démarche est assez morale» de la part d'«un gentil garçon, discret, qui a fait sa vie autour de l'informatique et qui a plus d'amis virtuels que réels».

Le jeune habitant de Beaumont, en Auvergne (centre), qui s'est présenté comme un «autodidacte», a raconté à la cour s'être introduit dans les comptes des administrateurs de Twitter au moment où il avait pensé s'inscrire sur le réseau social.

Au terme de longues recherches, les enquêteurs de l'Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication (OCCLTIC), alertés par le FBI américain, avaient réussi à démonter sa méthode, somme toute basique.

Ainsi, «Hacker-Croll» était parvenu à découvrir les mots de passe des comptes ouverts par leurs collaborateurs, au nom du président américain ou de la chanteuse Britney Spears, en les devinant par la consultation des réseaux sociaux, où apparaissent par exemple dates de naissance ou noms des enfants, un grand classique des mots de passe.

Interpellé le 24 mars à Beaumont au terme d'une enquête franco-américaine, le jeune homme avait été relâché peu après. Récemment embauché par une société d'informatique, il effectue à présent «de la surveillance de marques».