La Chine, qui dispose de la plus grande population d'internautes au monde (400 millions), a défendu mardi son droit de censurer l'internet au nom de la sécurité de l'État et appelé les étrangers à respecter sa «Grande muraille» informatique.

Le gouvernement chinois a publié mardi un Livre blanc consacré à sa politique de l'internet, quelque mois après l'affaire Google, déclenchée par la décision du groupe américain de transférer son moteur de recherches vers Hong Kong afin de ne plus céder à la censure des autorités.«Sur le territoire chinois, l'internet se trouve sous juridiction et souveraineté chinoise. La souveraineté de la Chine sur l'internet devrait être respectée et protégée», selon le Livre blanc.

La Chine censure lourdement l'internet sur lequel elle exerce une surveillance étroite («Grande Muraille»), l'expurgeant notamment des contenus politiques ou pornographiques.

Le pays asiatique «recommande le recours à des moyens techniques» en accord avec les lois existantes et les normes internationales «afin de prévenir et réprimer les effets nocifs des informations illégales sur la sécurité d'Etat, l'intérêt public et les mineurs», indique le Livre blanc, faisant référence également à la lutte contre «l'incitation à la haine raciale ou la discrimination».

Plusieurs organisations, comme le Comité de protection des journalistes ou Reporters sans frontières, ont placé la Chine sur la liste des pires ennemis de l'internet, l'accusant d'avoir emprisonné des internautes notamment pour avoir diffusé des textes critiques envers les autorités.

Une accusation rejetée par le régime communiste qui a, de nouveau, affirmé mardi garantir «la liberté d'expression des citoyens sur l'internet, aussi bien que le droit du public de savoir, de participer, d'être entendu et de contrôler».

Le mois dernier, la commissaire européenne à la société numérique, Neelie Kroes, avait jugé que cette censure devrait être discutée dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce.

La «Grande Muraille» est une question commerciale «dans le sens où elle représente une barrière réelle pour la communication», a-t-elle dit.

Le Livre blanc souligne par ailleurs que l'internet est un «moteur promouvant le développement économique de la Chine» et que les dirigeants chinois «se connectent fréquemment sur l'internet pour connaître les volontés de la population» et participent à des débats organisés par des portails officiels.

Ces débats, comme ceux qui ont confronté à deux reprises le Premier ministre Wen Jiabao avec les internautes, sont cependant soigneusement organisés et aucune question critique n'est publiée.

Le gouvernement a également indiqué que son objectif était de rendre l'internet accessible à 45% de la population - la première au monde avec 1,3 milliard d'habitants - d'ici cinq ans.