Souvent la première référence à être rendue par les moteurs de recherche sur l'internet, l'encyclopédie en ligne Wikipédia est aujourd'hui bien implantée. Mais il lui reste plusieurs territoires à conquérir, nous dit en entrevue son cofondateur, Jimmy Wales.

Wikipédia est un géant tranquille. Bien qu'il soit le sixième site internet le plus consulté du monde, il fait rarement les manchettes et il semble que les débats sur sa fiabilité se soient éteints depuis belle lurette.

Le cofondateur du site était à Montréal hier dans le cadre de la conférence webcom-Montréal pour parler de l'encyclopédie collaborative, à laquelle contribuent 100 000 personnes.

«Tout le monde utilise Wikipédia», a affirmé d'emblée Jimmy Wales. Il est vrai qu'aux États-Unis, au Canada et dans plusieurs pays européens, le site lancé en 2001 n'a plus besoin de présentation.

Or, Jimmy Wales se souvient d'avoir donné des conférences devant des étudiants chinois qui n'avaient jamais entendu parler de l'encyclopédie.

Au cours des prochaines années, donc, le mandat de Wikipédia sera double. «Pour les langues qui sont bien implantées, nous sommes toujours intéressés à améliorer la qualité. Dans les autres langues, la question sera davantage la croissance», a expliqué Jimmy Wales.

Il a notamment cité les principales langues indiennes et l'arabe. Dans certains pays, Wikipédia souhaite même embaucher des gens dont la mission sera de motiver la communauté d'internautes à collaborer au site afin qu'il soit plus complet. Une première pour Wikipédia.

Mais les ambitions de croissance de l'encyclopédie vont être freinées devant la Grande Muraille du web chinois. Jimmy Wales est formel: pas question d'ouvrir un bureau dans un pays qui exige que l'on censure le contenu. Et ce, même si Wikipédia est «loin derrière» des dizaines d'autres sites dans ce pays.

«On fait ce qu'on peut pour rester accessible en Chine. Mais pour faire des affaires là-bas, il faudrait se conformer à leurs lois sur la censure, ce que nous ne ferons pas», a dit Jimmy Wales.

L'homme fait tout de même quelques voyages chaque année dans ce pays, histoire de «rester informé» de ce qui s'y passe.

«Nous devons maintenir de bonnes relations avec la Chine, car nous croyons que l'internet change, que l'approche du pays change. Je pense qu'ils commencent à lâcher du lest, ils voient que leurs politiques de censure ont échoué», a-t-il ajouté.

Jimmy Wales se réjouit notamment de la récente décision de Google, qui a décidé en mars de ne plus se censurer en Chine. «Je suis très fier de Google, a-t-il dit. L'accès à la connaissance est un droit fondamental.»