Ottawa cherche à trouver une façon de surveiller le contenu des discussions en ligne portant sur des sujets politiques afin de corriger les informations jugées inexactes.

À cet effet, le gouvernement a lancé un projet pilote au moment de la chasse aux phoques sur la côte Est. Il a fait appel aux services d'une société torontoise ayant pour nom Social Media Group qui avait pour mandat de contrer certaines des informations véhiculées par les opposants à la chasse.

Simone MacAndrew, porte-parole du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, a indiqué dans un courriel que le ministère avait versé 75 000 $ à l'entreprise pour qu'elle «surveille l'activité sociale et aide à identifier (...) les secteurs où de fausses informations sont présentées et répétées comme étant des faits».

La firme alertait le gouvernement lorsque des commentaires jugées discutables étaient faits sur les forums de discussion en ligne et les réseaux sociaux tels que Facebook. Par la suite, des employés des Affaires étrangères et du ministère des Pêches et des Océans ayant récemment reçu une formation sur les discussions en ligne précisaient aux auteurs des commentaires en question ce que le gouvernement estimait être une information plus juste.

Il semble que ce ne soit-là que le commencement.

Le projet pilote sur la chasse aux phoques a été mis en place en partie «pour établir les fondations et faire des recommandations en vue de futurs projets et campagnes pour utiliser les médias sociaux d'une autre façon pour écouter, informer et converser avec les Canadiens», a indiqué Mme MacAndrew.

Pour certains, la surveillance des entretiens sur le Web était prévisible.

«Le gouvernement réalise que des millions de Canadiens participent de façon active aux réseaux sociaux en ligne», a indiqué Michael Geist, professeur de droit à l'Université d'Ottawa, qui se spécialise dans les questions relatives à l'Internet.

«Nous avons au Canada des groupes Facebook qui atteignent des dizaines de milliers ou des centaines de milliers de personnes, et ils ont clairement eu un impact sur la politique publique», a-t-il ajouté.

Certaines organisations ne voient pas d'un bon oeil que des fonctionnaires soient payés pour faire des commentaires sur le Web.

«J'aimerais certainement qu'ils soient francs quant à leur identité», a affirmé Sheryl Fink, chercheuse pour le compte du Fonds international pour la protection des animaux, qui s'oppose depuis longtemps à la chasse aux phoques.

«Je crois que cela (aide) s'il y a un lien vers une étude. S'il s'agit d'un lien menant à un communiqué de presse comptant des informations inexactes, cela n'aide pas du tout. C'est, j'imagine, la distinction entre le côté communications des ministères du gouvernement (...) et la science ou des données», a-t-elle ajouté.