Des milliers de manifestants ont scandé vendredi «Mort à Facebook», «Mort à l'Amérique» au Pakistan et réclamé l'interdiction totale du réseau de socialisation sur internet sur lequel ont été postés des dessins de Mahomet, jugés «blasphématoires» par Islamabad.

Le gouvernement, sur l'injonction d'un tribunal, avait déjà fait bloquer l'accès à Facebook puis YouTube mercredi et jeudi au Pakistan, après qu'un usager eut organisé un concours intitulé «La Journée des dessins de Mahomet».

L'islam interdit strictement toute représentation de son prophète.

Les violentes protestations déclenchées dans nombre de pays musulmans dès 2006 par la publication de caricatures du prophète dans des journaux danois, puis d'autres pays d'Europe, avaient culminé le 2 juin 2008 au Pakistan: un attentat suicide contre l'ambassade du Danemark à Islamabad avait fait huit morts, dont un Danois.

L'attaque avait été revendiquée par Al-Qaïda en représailles à la publication des caricatures. Les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, fief des talibans, sont les principaux sanctuaires du réseau d'Oussama ben Laden.

Parmi de très nombreux dessins postés sur Facebook, des caricatures représentant Mahomet, jugées «blasphématoires» ont été publiées sur ce site dont le siège est situé aux Etats-Unis.

«Mort à Facebook!», «Mort à l'Amérique!», ont scandé quelques centaines de manifestants à Karachi, la gigantesque capitale économique du Pakistan, dans le sud, selon un journaliste de l'AFP sur place. Ils défilaient à l'appel de partis religieux qui exigent l'interdiction «totale» et définitive de Facebook au Pakistan.

Les manifestants ont également brûlé des drapeaux américains.

Les défilés ont été pacifiques sauf à Multan, dans le centre, où des manifestants ont bloqué les rues en brûlant des pneus, avant de se disperser dans le calme.

A Peshawar, la grande ville proche des zones tribales, quelque 250 étudiants ont également hurlé «Mort à Facebook» et «Mort à l'Amérique», a rapporté un correspondant de l'AFP.

La plus grande manifestation a rassemblé plus de 3000 personnes à Lahore, la grande ville de l'est, à l'appel d'une coalition de partis islamistes, selon un journaliste de l'AFP sur place. «C'est une guerre et nous devons montrer notre unité», a lancé à la foule Farid Ahmed Paracha, un leader du Jamaat-e-Islami (JI). «Nous devons dire à l'Amérique que c'est le dernier match», a-t-il conclu.

«Nous condamnons fermement la publication de caricatures blasphématoires de notre saint prophète sur Facebook, ces attaques malveillantes et insultantes blessent les musulmans dans le monde entier», avait déclaré jeudi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdul Basit.

Aux Etats-Unis, Facebook s'était dit mercredi «très déçu par le jugement de la cour (de Lahore) de bloquer» son site «sans avertissement».

«Nous analysons la situation et les implications judiciaires et nous prendrons les mesures appropriées, qui pourraient inclure l'impossibilité pour les usagers au Pakistan d'accéder» aux pages incriminées, a cependant promis Facebook depuis son siège de Palo Alto, en Californie.