Les autorités chinoises ont annoncé vendredi le rétablissement du fonctionnement normal de l'internet au Xinjiang, dix mois après les violences interethniques dans cette région du nord-ouest peuplée de minorités musulmanes.

Sur son site internet, le gouvernement de la Région autonome ouïghoure annonce le «plein rétablissement des services internet» à partir de vendredi.

Il souligne que «la situation dans la région va dans le bon sens» pour expliquer le redémarrage de cette «plateforme importante» pour la population, que «chacun a la responsabilité de protéger».

Mais le gouvernement avertit aussi que quiconque se rendrait coupable «de transmettre des informations nocives sera traité selon la loi».

Jointe par téléphone par l'AFP, une réceptionniste de l'hôtel de l'Aviation à Urumqi, la capitale régionale, a confirmé que «les sites (ailleurs) en Chine et à l'étranger étaient accessibles» depuis vendredi matin.

«Jusqu'à présent nous n'avions que les sites du Xinjiang», a-t-elle souligné.

L'internet, les appels téléphoniques longue distance et les services de messagerie sur téléphone portable avaient été coupés après les pires violences interethniques qu'ait connues la Chine depuis des dizaines d'années, qui avaient démarré le 5 juillet à Urumqi.

Près de 200 personnes avaient été tuées et 1600 blessées dans ces troubles qui avaient mis aux prises Hans, principale groupe ethnique de Chine, et Ouïghours, musulmans de langue turque, majoritaires dans cette région aux marches de l'Asie centrale.

Pékin avait suspendu ces communications pour empêcher les troubles de s'étendre, accusant des «séparatistes» ouïghours de les avoir orchestrés via la Toile et les téléphones portables.

Ces derniers mois, les autorités ont cependant relâché l'étau, rétablissant les textos à l'intérieur du pays, puis l'accès à une série de sites internet, à commencer par les très officiels xinhua.net de l'agence étatique Chine Nouvelle, et people.com.cn, site du Quotidien du peuple, organe du parti communiste au pouvoir.

Mais dans le pays entier, le pouvoir bloque notamment des sites étrangers de socialisation comme Facebook ou de microblogs comme Twitter.

«Nous pouvons accéder à des sites à l'étranger mais pas à Facebook», a relevé l'employé d'un autre hôtel d'Urumqi, le Royal International.

Selon Chine Nouvelle, le Xinjiang compte sept millions d'internautes qui ont pu retrouver leurs services de courriels en mars.

Certains Ouïghours se disent victimes de discrimination religieuse et culturelle, sous couvert de lutte antiterroriste, et dénoncent la présence accrue de Hans, venus du reste de la Chine dans le cadre de la politique de développement économique.

Le mois dernier, la direction chinoise s'est engagée à développer économiquement la région, «afin que les groupes ethniques puissent être plus riches et plus heureux», et d'assurer «la stabilité sociale à long terme de la région».

Parallèlement, un nouveau chef régional du parti communiste a été nommé, Zhang Chunxian, qui a plaidé il y a quelques jours en faveur une lutte sans merci contre le «séparatisme».