Malgré le fait que le vidéoclip semble être en voie de disparition sur certaines chaînes spécialisées, la plus récente oeuvre de Lady Gaga en assurera vraisemblablement la pérennité, mais sur une autre plateforme. Et les artistes qui n'ont jamais perdu la foi sont au comble du bonheur.

Telephone, qui met en vedette Beyonce, a envahi l'internet jeudi soir et rapidement atteint le plateau du million de visites.

Produit à un coût visiblement très élevé, ce vidéoclip d'une durée de neuf minutes et demi n'est pas sans rappeler le fameux Thriller de Michael Jackson dans son ampleur, tandis que l'efficacité de la production et les nombreux figurants de grande élégance qui y participent ont généré des comparaisons avec les oeuvres de Quentin Tarantino.

Environ une semaine plus tard, la pièce a attiré plus de 20 millions de visites sur YouTube et sur le site de vidéoclips Vevo.

«Beaucoup de gens associent la disparition des vidéoclips au petit écran au fait que le public se soit désintéressé du phénomène - ce qui n'est pas le cas», affirme Rio Caraeff, président de Vevo, un site inauguré en décembre dernier et qui est la copropriété de Sony Music Entertainment, Universal Music Group et Abu Dhabi Media Company.

«Les dirigeants de stations de télévision ont décidé d'abandonner les vidéoclips parce qu'ils voulaient que les téléphiles regardent leurs émissions pendant une plus longue période de temps, pour leur propre modèle d'affaires. L'intérêt pour les vidéoclips n'a jamais disparu; il a été transféré à l'internet où les gens peuvent regarder ce que bon leur semble, à leur guise.»

A l'heure actuelle, les vidéoclips de pièces musicales sont parmi les plus regardés de tous les vidéos sur internet. Et selon Visible Measures, une firme qui mesure le trafic sur internet, ils trônent au premier rang, sans opposition, lorsque l'on tient compte de l'influence qu'ils exercent.

Cette société répertorie le nombre de visionnements d'un vidéoclip donné sur différents sites internet, et considère également les visites générées par les vidéos amateurs, qu'il s'agisse d'hommages ou de parodies, explique un porte-parole de Visible Measures, Matthew Fiorentino.

Si l'on considère la participation du public, le vidéoclip en ligne le plus vu et le plus significatif de l'histoire de l'internet est, étonnamment, Crank That, par Soulja Boy.

La chanson a occupé le sommet du palmarès du Billboard pendant plusieurs semaines, en 2007, et mené à la création d'une danse fort populaire. Mais peu de gens auraient cru que ce vidéoclip deviendrait le plus important dans l'histoire de l'internet.

«Ce qu'il y a de génial avec ce vidéoclip, c'est que l'on y trouve une danse et que l'on vous y explique toutes les démarches pour l'apprendre et la maîtriser», explique M. Fiorentino.

«Ce que nous avons découvert, ajoute-t-il, et pas seulement pour les vidéos de chansons, c'est qu'en interagissant directement avec l'auditoire et en incitant le public à télécharger son propre contenu ou commentaire, le vidéo demeure actif.»

Des dix vidéoclips les plus populaires de l'histoire de l'internet - selon un classement établi par Visible Measures - six sont des pièces musicales, dont Single Ladies, de Beyonce, au deuxième rang, Thriller, en troisième position, et «Poker Face», de Lady Gaga, en neuvième place.

Avec le succès auquel semble destiné «Telephone», M. Caraeff s'attend à voir de plus en plus de méga-productions et de nouveautés en matière de vidéoclips via l'internet.

«Pendant 25 ou 30 ans, les vidéoclips n'ont presque pas évolué, rappelle M. Caraeff. Puis, ils ont migré vers l'internet et maintenant, ils sont mûrs pour une métamorphose.»