La bonne nouvelle pour les médias traditionnels? Leurs sites internet d'informations sont populaires. La mauvaise? Peu d'internautes cliquent sur les publicités en ligne et encore moins semblent prêts à payer pour s'informer, selon une étude rendue publique lundi aux États-Unis.

Selon le «Projet pour l'excellence journalistique» du centre de recherche Pew, 79% des internautes affirment ne jamais cliquer sur une publicité en ligne, ou alors rarement. «La publicité ne les dérange pas. Ils l'ignorent tout simplement», commentent les chercheurs dans leur rapport sur l'état des médias.

Le chiffre a de quoi décevoir les grands médias traditionnels, qui comptent sur les recettes publicitaires générées par la toile pour compenser la chute de leurs revenus habituels.

Soixante-et-onze pour cent des internautes, soit 53% des adultes américains, s'informent en ligne, selon cette étude réalisée à partir de données fournies par l'institut Nielsen NetRatings. Parmi eux, seuls 35% des sondés affirment avoir un site d'information favori et 19% de ces derniers disent qu'ils seraient prêts à payer pour y accéder.

«Comme peu de gens sont attachés à un site d'information, cela signifie qu'au bout du compte, seuls 7% des internautes qui s'informent en ligne se disent prêts à ouvrir leur portefeuille», analysent les spécialistes de Pew.

Actuellement, le seul grand organe de presse américain à faire payer la consultation de ses articles en ligne est le Wall Street Journal du magnat de la presse Rupert Murdoch, qui s'est dit prêt à suivre la même politique pour les autres journaux de son empire.

Le New York Times entend lui aussi facturer la consultation de ses contenus à partir de l'an prochain.

Les médias traditionnels peuvent se rassurer en constatant qu'ils continuent à générer 67% du trafic des 200 sites d'information les plus visités, selon l'enquête Nielsen, qui a porté au total sur 4600 sites. Le reste (13%) se porte vers des agrégateurs de contenus comme Google Actualités et vers des sites d'information sans pendant papier.

Quand des blogueurs envoient un lien vers un site d'information, il s'agit dans 80% des cas du site d'un média traditionnel, selon l'étude, effectuée entre le 28 décembre et le 19 janvier auprès de 2259 adultes (marge d'erreur de plus ou moins 2,3 points).

Pendant cette période, trois grands médias ont représenté 65% des liens envoyés par des blogueurs américains: le New York Times, CNN et la BBC.

L'étude peint un paysage plutôt inquiétant pour le secteur qui a souffert l'an dernier de la récession comme le reste de l'économie. Selon elle, les journaux américains dépensent 1,6 milliard de dollars de moins qu'il y a dix ans pour leur collecte d'information. Les grands réseaux de télévision ont réduit la voilure de plus de moitié par rapport à la fin des années 1980.

L'an dernier, les recettes publicitaires ont fondu de 26% dans les journaux et de 8% à la télévision. A la radio, la chute est de 22% et de 17% dans la presse magazine. Mais même la publicité en ligne, qui devait sauver le secteur, a vu ses recettes reculer de 5%.

«Le rapport table sur davantage de suppressions d'emploi en 2010 même si l'économie s'améliore», prévoit le directeur du Projet pour l'excellence journalistique, Tom Rosenstiel. «Et même si l'on parle beaucoup des nouveaux canaux de financement pour l'information, il n'y a pas encore beaucoup de progrès réels».