Dès 18h, soit deux heures avant les dernières fermetures de bureaux de vote, les internautes français ont massivement relayé sur la plate-forme de micro-blogging Twitter les premières estimations des médias étrangers concernant le 1er tour des élections régionales en France.

Le sujet régionales, commun à tous ces «tweets», a ainsi figuré dans plus d'une dizaine de messages par minute en fin de journée avec des liens renvoyant notamment vers les sites internet des journaux belge Le Soir et suisse Le Temps, qui ont été les premiers à communiquer des estimations, bien avant leurs homologues français.

Le code électoral prévoit en effet qu'«aucun résultat d'élection, partiel ou définitif, ne peut être communiqué au public par la voie de la presse ou par tout moyen de communication au public par voie électronique, en métropole, avant la fermeture du dernier bureau de vote sur le territoire métropolitain». Les derniers bureaux de vote ont fermé à 20h.

Le Soir a également relayé, sur son compte Twitter, les tendances de vote en sa possession en les actualisant régulièrement, ce qui lui a valu d'être repris dans de nombreux messages d'internautes, au moment où le ministère de l'Intérieur détaillait, sur la plate-forme de micro-blogging, le taux de participation à 17h région par région.

Plus prudent et imagé, un «tweet» indiquait à 19h30 que «la fleur passerait juste devant l'arbre», en référence implicite au PS devançant l'UMP, et que «la flamme remonte et passe la barre des 2 chiffres», en référence au Front national.

À l'approche de 20h, les estimations des instituts de sondage ont afflué, cette fois sans lien vers des sites étrangers, accompagnées de commentaires sur la mine, réjouie ou défaite, des invités des plateaux de télévision.

Quelques journalistes ont eux aussi bravé l'interdit en mettant en ligne des liens vers des sites étrangers avant, pour certains, de les effacer quelques minutes plus tard, provoquant des réactions vives.

«Beaucoup de journalistes RT (re-tweetent, ndlr) les résultats bruts... Interdiction totalement ignorée...» ou «Supprimer un tweet c'est pire que tout, on a le droit à l'erreur, mais pas à la malhonnêteté, surtout les journalistes, non ?», réagissaient ainsi des utilisateurs de Twitter dans leurs messages postés.

D'autres internautes appelaient à réfléchir sur la publication en France des estimations avant l'heure prévue par le code électoral.

«Cette fois-ci, c'est sans appel. La confidentialité des estimations est définitivement enterrée», constatait l'un d'entre eux, tandis qu'une «twitteuse» prédisait qu'«un candidat qui perdrait de quelques voix pourra contester l'élection au motif que les résultats étaient publiés à 18h sur Twitter».

Un autre se montrait plus pragmatique, rappelant que «pour les régionales, l'intérêt, c'est les résultats par région».