«Marc était bien n'est-ce pas ? Je le lui dirai», écrit dans un «tweet» Robert Duffy, président de la griffe «Marc Jacobs»: de Twitter à Facebook ou aux blogues, la vague des réseaux sociaux déferle sur la Semaine de la mode à New York.

La révolution est à l'oeuvre, dans ce monde longtemps fait de mystère sur les collections, d'accès impossible, d'invitations réservées aux VIP et d'attachées de presse toutes-puissantes et courtisées.Pour cette semaine de la mode automne-hiver 2010 au contraire, tout se sait, tout est vu quelques heures après sur internet, et les commentaires vont bon train sur ce qui se passe sur et autour des podiums.

«Je viens d'arriver à Wang (la créatrice Vera Wang), le décor est tout blanc», écrit NARSissist sur un grand écran de tweets installé par le groupe American Express dans le hall d'entrée de Bryant Park, où se déroulent la plupart des défilés. La société a conclu un accord avec les organisateurs de la Fashion Week, et un compte d'utilisateur Twitter est né, amexmbfw.

«Nous mettons un bloc de 50 messages sur l'écran toutes les deux minutes, en 10 heures chaque jour nous en avons environ 20 000, ça n'arrête pas, les gens en envoient quand ils attendent d'entrer, quand ils sont à l'intérieur et puis quand ils ressortent», explique à l'AFP un des deux informaticiens qui gèrent les flux.

Sur toutes les pages de journaux, il existe des possibilités immédiates de faire partager un article, une vidéo ou des photos à ses amis, que ceux-ci se trouvent sur le réseau de Facebook, MySpace ou autre. Et les défilés sont très vite disponibles sur YouTube.

La «Fashion Week» elle-même a près de 20 000 fans sur Facebook, une page constamment mise à jour où sont postés défilés, événements promotionnels, interviews de célébrités ou scènes de coulisses. On peut y voir les changements de décors, les préparatifs, la salle de presse, les mannequins, des étudiants d'école de mode en visite.

Parmi tous les outils mis à la disposition des simples mortels, le tweet est certainement celui qui plaît le plus. «Je voulais vraiment faire partie de la Fashion Week, d'une façon ou d'une autre!» écrit Michy Bugg, dont la phrase est projetée en grand sur l'écran noir de Bryant Park.

Les petits messages en 140 signes se retrouvent aussi sur tous les médias, de style.com, le site du magazine Vogue, à Glamour ou Women's Wear Daily, le quotidien spécialisé de l'industrie de la mode.

Même Cathy Horyn, la rédactrice de mode du vénérable New York Times, s'y est mise, et n'arrête pas. Une pionnière du blogue avec son «On the runway», elle twitte depuis peu. Et elle reconnaît que si la quantité de travail augmente, les différents formats se complètent, le blogue appelle des réactions de lecteurs, le tweet est plus immédiat, et l'article plus analytique. «Le tweet exprime mon sentiment sur une atmosphère», dit-elle dans une interview à style.com.

Certains créateurs, et non des moindres --Alexander Wang, Marc Jacobs, Calvin Klein-- viennent de conclure un accord pour le visionnage en direct de leurs défilés sur internet, une première qui briserait un vieux tabou. Et une expérience qui n'enthousiasme pas les fanatiques de l'élitisme, qui veulent continuer à croire qu'«être là» signifie avoir été choisi.