Entre le courriel personnel, le compte Facebook, les transactions bancaires en ligne, l'ordinateur au bureau, l'accès à Paypal et le profil sur les sites des gouvernements, il est facile de s'y perdre dans la gestion de ses mots de passe.

Si vous pensiez avoir trouvé le mot de passe le plus difficile à deviner et le plus facile à retenir en utilisant «qwerty» ou «111111», désillusionnez-vous. Une personne mal intentionnée pourrait fort probablement accéder à votre compte en deux temps, trois mouvements.

L'entreprise américaine RockYou, qui fait des applications pour les sites de réseautage social, a récemment été victime de pirates, qui ont subtilisé les mots de passe de ses usagers et les ont publiés sur le web.

Une société qui travaille en sécurité informatique a sauté sur l'occasion et a analysé les 32 millions de mots de passe lâchés dans la nature. Impreva en a conclu que plus ça change, plus c'est pareil.

Les trois mots de passe les plus fréquemment utilisés par les clients de RockYou étaient «123456», «12345» et «123456789».

Depuis 10 ans, les séries de chiffes sont devenues des indémodables, aux côtés des prénoms d'enfants et des noms d'animaux.

«C'est un problème qui est récurrent, de prendre des mots de passe dont il est facile de se souvenir, ou un mot de passe qui est le même que le code d'usager, dit François Daigle, de la firme spécialisée en sécurité informatique Okiok. On va toujours avoir quelqu'un qui va prendre «123456». C'est humain.»

Humain, mais pas très original.

Quelques travailleurs du secteur de l'informatique interrogés par La Presse confirment que bien des utilisateurs optent pour la facilité quand vient le temps de choisir un mot de passe.

Ils notent par exemple que le langage «leet», qui consiste à remplacer des lettres par des chiffres (0 pour O, 1 plutôt que L, 3 plutôt que E) est souvent utilisé par les usagers. De même, les mots de passe «motdepasse», «password» et leurs déclinaisons «password1» et «password2».

«Même le nom de votre enfants avec un signe de dollars, ça me marche pas. Et remplacer des lettres avec des chiffres, c'est tellement connu que ces mots sont dans les bases de données de pirates informatiques depuis longtemps», dit François Daigle.

Un seul mot de passe, la solution?

Gérer ses identités en ligne demande de plus en plus de mémoire, si bien que les utilisateurs prennent souvent le même mot de passe partout plutôt que d'avoir à réfléchir pendant trois minutes chaque fois qu'ils doivent accéder à un de leurs comptes.

Cette semaine, Twitter a mis en garde ses utilisateurs parce que des sites internet qui se font passer pour des sites de téléchargement servent en fait à voler des noms d'usagers et des mots de passe.

«Les gens continuent d'utiliser la même adresse courriel et le même mot de passe (ou une variante) sur plusieurs sites», a déploré Twitter dans la foulée.

«Les gens pensent que personne n'a intérêt à accéder à leur compte de courriel. Mais ils prennent le même mot de passe sur Hotmail, Facebook, puis sur Accès D et sur la Banque Nationale», dit François Daigle.

Une étude dévoilée cette semaine par la firme Trusteer lui donne raison. Près des trois quarts des millions d'internautes sondés ont avoué qu'ils partagent le mot de passe de leur accès bancaire avec au moins un autre site qui n'a rien à voir avec la finance.

Plus inquiétant encore, 47% des gens prennent pour leur accès bancaire le même nom d'accès et le même mot de passe que ceux qu'ils ont choisi pour un autre site web.

 

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Choisir le bon mot de passe

Le directeur des services professionnels de la firme de sécurité informatique Okiok, François Daigle, propose quelques pistes pour créer des mots de passe difficiles à trouver pour les pirates... et faciles à retenir!

Choisissez un mot qui ne se trouve pas dans le dictionnaire. Par exemple, inventez un mot bizzaroïde dont vous seul comprendrez la signification. Ou encore, utilisez une expression du vocabulaire populaire. «Tabarnouche», par exemple.

Assurez-vous d'avoir un mélange de lettres, de chiffres et de caractères spéciaux.

Utilisez des formules mnémoniques. Ainsi, la phrase «le petit chaperon rouge est dans la forêt» formera le mot de passe «lpcredlf». Une enfilade de lettres qui n'ont de sens que pour vous.

Évitez les multiples déclinaisons d'un même mot de passe. Patate1, patate2 et patate3 ne sont pas à considérer!