Plus d'une semaine après la controverse sur Google, Pékin a haussé le ton en accusant vendredi le chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton de mettre en danger les relations sino-américaines au lendemain de son discours sur l'internet et la censure.

«Nous nous opposons fermement à ces déclarations et actes qui vont à l'encontre des faits et sont préjudiciables aux relations sino-américaines», a déclaré le porte-parole du ministère Ma Zhaoxu dans un communiqué.

«L'internet chinois est ouvert, la Chine est également un pays où le développement de l'internet est très actif», a-t-il ajouté, soulignant que le pays asiatique disposait de 384 millions d'internautes à la fin 2009, soit la première population au monde, de 3,68 millions de sites internet et de 180 millions de blogues.

«La Constitution chinoise protège la liberté d'expression des citoyens, promouvoir le développement de l'internet est une politique constante pour nous», a également assuré le porte-parole.

Mme Clinton a érigé jeudi les Etats-Unis en gardiens de la liberté d'expression sur l'internet et invité les entreprises à refuser la censure, au moment où Google se plaint d'attaques informatiques en provenance de Chine.

Les «personnes et les pays qui lancent des cyberattaques devront en subir les conséquences», a-t-elle prévenu.

Selon elle, les Etats-Unis ont la «responsabilité», en tant que «berceau» d'internet, de s'assurer de son libre fonctionnement.

Quant aux Etats qui restreignent le libre accès à l'information et enfreignent «les droits fondamentaux des utilisateurs de l'internet», a-t-elle dit, «ils risquent de s'écarter d'eux-mêmes des progrès du XXIe siècle».

Vendredi, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a répondu que son pays était la «principale victime dans le monde des attaques de 'hackers'«.

«Nous enjoignons les Etats-Unis à respecter les faits et arrêter de saisir le supposé problème de liberté d'expression sur l'internet pour faire des reproches injustifiés à la Chine», a dit Ma Zhaoxu.

Ce dernier a cependant affirmé que Pékin souhaitait «renforcer le dialogue, les échanges et la coopération» avec les Etats-Unis, tout en «réglant de manière appropriée les divergences et questions sensibles afin de protéger le développement sain et stable des relations sino-américaines».

Ces dernières sont de plus en plus étroites, mais encore marquées par la méfiance.

En décembre à Copenhague, à l'occasion de la conférence sur le climat des Nations unies, les deux plus grands pollueurs de la planète s'étaient affrontés. Les tensions commerciales se sont aussi multipliées.

Cependant, jeudi, un haut diplomate chinois avait tenté de calmer le jeu sur le dossier Google.

Ce «n'est pas un problème entre les gouvernements chinois et américain», a déclaré le vcice-ministre des Affaires étrangères He Yafei, ajoutant qu'il ne fallait pas l'«exagérer».

M. He a insisté sur le fait que «si Google et d'autres entreprises étrangères ont des problèmes en Chine, il faut les résoudre par la loi et le gouvernement est prêt à les aider».

Jeudi, le groupe américain a expliqué être en pourparlers avec les autorités chinoises.

«A ce jour nos activités en Chine n'ont pas changé: nous continuons à suivre leurs lois, nous continuons à donner des résultats censurés. Mais dans un délai raisonnablement court nous apporterons des changements», a déclaré le PDG Eric Schmidt.

«Nous aimons faire affaire en Chine», a-t-il ajouté, mais «nous voudrions (y être présent) en des termes différents».