Baidu, le principal moteur de recherche chinois, a annoncé mercredi avoir porté plainte aux États-Unis après avoir été piraté, en pleine polémique déclenchée par les menaces de Google de se retirer du marché chinois.

La plainte de Baidu, coté au Nasdaq, vise le gestionnaire de nom de domaine Register.com, qu'il accuse d'une négligence ayant permis, selon lui, l'attaque informatique du 12 janvier, revendiquée par un groupe se présentant comme la «cyberarmée iranienne» favorable aux autorités de Téhéran.

Pendant plusieurs heures, baidu.com était resté inaccessible.

«Baidu a déposé plainte contre le fournisseur de service d'enregistrement de son nom de domaine Register.com, devant un tribunal de New York, demandant des dommages et intérêts pour l'interruption de ses services la semaine dernière», selon un communiqué. «A la suite d'une grosse négligence de Register.com (...), la résolution du nom de domaine de www.baidu.com a été illégalement et malignement altérée» rendant le site inaccessible pour des utilisateurs du monde entier et entraînant de «graves dommages» pour Baidu.

Register.com gère plus de 2,5 millions de noms de domaine, selon son site internet.

La semaine dernière, un porte-parole de Baidu avait expliqué que l'interruption avait été provoquée par «une manipulation extérieure de son DNS (système de nom de domaine) aux États-Unis».

Du fait de cette manipulation, les internautes voulant se connecter à baidu.com étaient dirigés sur une page ornée d'un drapeau iranien et de messages en anglais et persan revendiquant le piratage au nom de «la cyberarmée iranienne», en «réaction à l'intervention des autorités américaines dans les affaires intérieures de l'Iran».

En décembre, le site Twitter, largement utilisé par l'opposition iranienne lors des manifestations de juin, avait été brièvement piraté «à titre d'avertissement» par une telle «cyberarmée iranienne», qui avait dénoncé «l'ingérence sournoise» du site de micro-blogs dans les affaires de l'Iran.

Les raisons pour lesquelles Baidu aurait été visé par le groupe n'ont pas été précisées.

Mais sa plainte intervient alors que Google a fait un coup d'éclat la semaine dernière, envisageant de cesser toute opération en Chine à cause de la censure et des attaques informatiques provenant de ce pays.

Kaiser Kuo, un consultant internet de Pékin, a souligné que la concordance des deux actions pourrait paraître «suspicieuse», comme si «Baidu voulait montrer qu'il avait lui-même également souffert d'attaques, peut-être pas venant des Etats-Unis mais permises par la négligence du service d'enregistrement américain, pendant que son rival américain était attaqué par des hackers chinois».

Google a dénoncé des attaques ayant débouché sur un vol de propriété intellectuelle et des tentatives d'intrusion de pirates dans des comptes de sa messagerie Gmail, appartenant à des défenseurs des droits de l'gomme en Chine.

Les États-Unis ont souhaité avoir des explications de Pékin sur cette affaire.

Le gouvernement chinois a rétorqué ces derniers jours que le secteur de l'internet chinois était ouvert aux étrangers à condition qu'ils respectent les lois chinoises, tout en assurant que la controverse n'aurait pas d'impact sur les relations économiques sino-américaines.

Des médias chinois ont pour leur part accusé Google d'avoir trouvé le bon prétexte pour quitter ce marché de plus de 380 millions d'utilisateurs où il n'a pas réussi à se tailler la part du lion, réservé à Baidu.

Baidu détient 58,4% du marché de la recherche en ligne en Chine, contre 35,6% pour Google, selon les dernières estimations de la société Analysys International.