C'est connu, Internet est capable du pire comme du meilleur, les commentaires diffamatoires faisant partie de cette dernière catégorie. Facebook, MSN, les blogues, etc., n'ont plus de secret pour les adolescents qui utilisent parfois ces sites de réseautage pour régler leurs comptes.

Une enseignante de l'école secondaire Val-Mauricie, à Shawinigan, s'est récemment retrouvée au coeur d'une campagne de salissage mise en ligne sur Facebook par un élève de l'établissement. Rapidement, une centaine de jeunes ont joint le mouvement. Informée de la situation, la direction de l'école n'a pas tardé à réagir avec le résultat que la page est déjà tournée pour l'enseignante qui souhaite retrouver la quiétude et l'anonymat de sa classe.

N'empêche, être ainsi critiqué et malmené, au vu et au su d'un nombre incalculable d'internautes, peut laisser des traces. D'autres enseignants au Québec ont goûté aux effets dévastateurs d'Internet lorsqu'il est utilisé à des fins malveillantes. Des enseignants ont notamment fait l'objet de critiques négatives sur le site controversé www.ratemyteachers.com, une adresse où les utilisateurs s'amusent à évaluer leurs profs. En 2007, un enseignant de la région de l'Outaouais a quant à lui été filmé à son insu alors qu'il perdait le contrôle de sa classe. Des élèves l'avaient délibérément provoqué pour ensuite diffuser sur YouTube un vidéo montrant le professeur poussé à bout.

À l'école secondaire Val-Mauricie, tous les élèves impliqués de près ou de loin par la divulgation sur Facebook de propos désobligeants à l'endroit de l'enseignante ont été rencontrés. «On ne comprend pas ce qui a pu se passer. Les élèves en cause ne sont pas des jeunes à problème. C'est un petit groupe qui a parti le bal et les autres ont suivi sans réaliser la portée de leurs gestes», explique la conseillère en communication à la Commission scolaire de l'Énergie, Renée Jobin.

Rencontrés en présence de leurs parents, les élèves ont été sensibilisés aux impacts d'un simple clic. En moins de 24 heures, tous les adolescents concernés avaient rédigé, chacun, une lettre d'excuses à l'intention de l'enseignante. «Plusieurs parents avaient également ajouté un petit mot pour lui dire qu'ils déploraient le geste de leur enfant et qu'ils feraient en sorte que ça ne se reproduise plus», souligne Mme Jobin en signalant que c'est à partir des ordinateurs à la maison que les jeunes ont sévi.

«Nous avons eu une très bonne collaboration des parents», assure-t-elle avant de mentionner que le garçon qui a initié ce mauvais coup ne fréquente plus l'école secondaire Val-Mauricie. Avec l'accord de ses parents, il a été convenu qu'il était préférable pour lui de poursuivre ses études secondaires dans une autre institution. Mme Jobin ne cache pas que son idée s'est tournée contre lui, beaucoup d'élèves ayant en quelque sorte écopé par sa faute.

La porte-parole affirme que cet épisode des derniers jours demeure un cas isolé. Pour elle, il ne fait aucun doute que les nouvelles technologies représentent d'abord et avant tout une source inépuisable d'outils pédagogiques de qualité. «Les bienfaits sont immenses», dit-elle, persuadée que c'est en éduquant les élèves aux nouvelles technologies et en les responsabilisant que des situations comme celle qui s'est produite à Val-Mauricie ne se répéteront pas.

«Notre rôle est d'instruire mais aussi d'éduquer», rappelle Mme Jobin avant d'indiquer que les jeunes qui fréquentent les laboratoires informatiques dans les écoles sont encadrés et surveillés. Elle souhaite que les parents assument à leur tour ce rôle d'accompagnateurs à la maison.

Président du Syndicat de l'enseignement de la Mauricie, Rosaire Morin confirme que ce cas d'enseignante victime d'une page haineuse sur Facebook demeure un cas isolé. «Mais lorsqu'une telle situation se produit, il ne faut pas la tolérer. On parle d'attaque à la réputation», dit-il avant d'admettre que les jeunes ne sont pas toujours conscients, justement, des impacts de leurs commentaires sur la personne visée.

M. Morin se dit finalement satisfait des mesures qui ont été prises par la direction de l'école secondaire Val-Mauricie pour que réparation soit faite auprès de l'enseignante.

Gervais, François

Une enseignante de l'école secondaire Val-Mauricie, à Shawinigan, s'est récemment retrouvée au coeur d'une campagne de salissage mise en ligne sur Facebook par un élève de l'établissement.