Une controverse suscitée par l'animateur de télévision Jean-Luc Mongrain a augmenté la visibilité de nouvelles publicités du Directeur général des élections diffusées sur internet, a déclaré lundi une porte-parole de l'institution publique.

Cynthia Gagnon a estimé que la demande de retrait des publicités, formulée la semaine dernière par le Groupe TVA, a contribué à intéresser la population plus tôt que prévu à la campagne publicitaire.

Lundi, la première de neuf capsules web, qui pastichent un talk show dont l'animateur a un style très marqué, a franchi le cap des 37 000 visionnements sur le site You Tube.

Mme Gagnon a affirmé qu'aucun objectif d'auditoire n'avait été fixé mais elle a jugé qu'il s'agissait «d'un très bon succès».

«C'est certain que la demande de TVA a pu amener des gens à s'intéresser à la campagne alors qu'ils en auraient peut-être entendu parler à un autre moment, a-t-elle dit lors d'une entrevue téléphonique. On ose espérer qu'ils en auraient entendu parler un peu plus tard mais peut-être que ça n'a que précipité le moment de leur visionnement.»

Durant la fin de semaine, le DGE Marcel Blanchet a rejeté la requête de TVA, qui accusait l'institution d'utiliser l'image de marque et la crédibilité de l'animateur pour cette campagne publicitaire visant à stimuler la participation aux prochaines élections municipales.

M. Blanchet a affirmé que lors de la conception de ces capsules, plusieurs efforts ont été faits pour éviter une ressemblance physique trop évidente avec quelque animateur que ce soit.

Lundi, dès l'ouverture de son émission quotidienne sur la chaîne LCN, qui appartient à TVA, M. Mongrain a pris acte de la décision du DGE mais il a maintenu sa position.

«J'ai pris connaissance de vos commentaires pour lesquels je prends bonne note, mais que voulez-vous, la vie démocratique passe également par la divergence d'opinions», a-t-il dit.

Assurant qu'il n'a aucun problème avec la caricature, l'humour et la dérision, M. Mongrain a réitéré sa demande de retrait des publicités.

«Je ne veux pas être associé de près ou de loin, directement ou indirectement, à un organisme public pour servir quelque objectif que ce soit», a-t-il dit.

Mme Gagnon s'est réjouie que M. Mongrain change de ton mais elle a répété que le DGE diffusera, dès mardi, les huit autres capsules du volet web de la campagne.

«Nous on a répondu qu'on ne sursoyait pas à notre diffusion, a-t-elle dit. Tout va aller comme prévu mais on ne peut que se réjouir si les choses semblent prendre un ton moins dur.»

Le volet internet d'une nouvelle campagne publicitaire du DGE avait suscité l'ire de M. Mongrain moins de deux heures après un visionnement de presse, vendredi dernier. Dans le cadre de son émission, l'animateur avait reçu l'un des concepteurs, à qui il avait exprimé son courroux de ne pas avoir été consulté avant d'être pastiché.

Dans les heures qui ont suivi, le Groupe TVA a fait parvenir une lettre au DGE, lui demandant le retrait de la première capsule web et l'annulation de la diffusion des huit suivantes.

Une porte-parole du Groupe TVA, Nicole Tardif, a assuré, lundi, qu'en se plaignant au DGE, l'intention du diffuseur n'était pas d'attirer l'attention sur l'émission de M. Mongrain.

«Ce n'était pas un coup de publicité», a-t-elle dit.

L'émission de M. Mongrain attire une moyenne quotidienne de 131 000 téléspectateurs, depuis septembre, comparativement à 138 000 au printemps dernier, mais Mme Tardif a estimé qu'il s'agit d'un écart très faible, qui sera comblé au cours des prochaines semaines.

Un porte-parole de l'agence de publicité Cossette, qui a conçu la campagne, a affirmé que la «crise» de M. Mongrain avait attisé la curiosité de la population pour les publicités, ce qui explique le nombre de visionnements.

«C'est beaucoup en si peu de temps, a dit Ghislain Carré. Durant le week-end, ç'a augmenté. Les gens se sont mis à vouloir voir. C'est sûr que les médias en ont parlé. M. Mongrain en a fait ses choux gras. C'est sûr que ç'a contribué, je ne peux pas dire le contraire.»

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