Jusqu'à maintenant, il fallait être un explorateur du web pour connaître Greenwood80, une sorte de code d'entrée pour découvrir des productions vidéo réalisées par des artistes de Trois-Rivières et qui ont provoqué beaucoup de réactions. Derrière ces productions, on retrouve la Trifluvienne Karine Boisvert et quelques complices.

Évidemment, dans ces petites productions artisanales, Karine Boisvert écrit, réalise et joue. Elle est, le plus souvent, accompagnée de Cindy Rousseau, François Gagné, Line-Marie Bourbeau, Martin Francoeur, Simon Lapierre et quelques autres. L'autre plate-forme de diffusion qu'ils ont privilégiée, ce sont les soirées Kino et ce, depuis janvier dernier. À chaque présentation, elles ont remporté les honneurs de la soirée avec leurs courtes oeuvres.

Les petits films réalisés pour le pur plaisir, parfois même avec une simple webcam, ont même convaincu le canal Vox de Trois-Rivières de produire une série de capsules d'une minute et demie qui seront présentées cet automne sur les ondes de cette station offerte aux abonnés locaux du câble de Vidéotron. Dans ce cas, une série qui portera le nom du Monde selon Green, Karine Boisvert écrit et joue en compagnie de Cindy Rousseau alors que les capsules sont réalisées par Mathieu Marchand.

"Ça tourne autour de personnages de la vie quotidienne, explique la vidéaste. C'est une sorte de satire dans laquelle on se moque gentiment de personnages caricaturaux. On y retrouve, par exemple, une serveuse de restaurant blasée, une vendeuse de boutique fatiguée de son travail, etc. Je reprends certains des personnages que j'ai créés avec mes petits films maison destinés à Youtube mais cette fois, avec des moyens et des budgets. Avec Cindy Rousseau, j'écris les scénarios, le concept des capsules, les dialogues, etc."

La jeune femme de 27 ans enseigne au niveau collégial mais pas dans un domaine directement lié à son passe-temps. Elle se spécialise en communication graphique. Son emploi lui offre de belles vacances l'été mais sa passion lui bouffe l'équivalent des heures d'un travail à temps plein si ce n'est davantage.

"Je ne fais pas ça dans l'espoir de percer au cinéma dit-elle. J'aime le médium que j'utilise présentement. J'aimerais que le concept soit récupéré par Vidéotron à Montréal dans un premier temps, pour qu'on soit assurées d'en faire d'autres, mais j'aimerais pouvoir continuer dans la même veine."

Cette veine dont elle parle, est humoristique, en premier lieu, mais la vidéaste se voit aussi réaliser des capsules plus dramatiques ou touchantes, éventuellement. "L'important, dit-elle, c'est de garder une certaine vérité. Si je pouvais avoir une boîte de production qui poursuit divers projets simultanément, ça me plairait beaucoup. On pourrait faire des capsules comme Le monde selon Green, des films pour Kino, des parodies pour Youtube, etc."

S'il est des constantes dans son activité artistique, c'est la créativité et une grande finesse d'observation des comportements humains.

"On se moque souvent et certains pourraient penser que c'est un peu baveux mais on n'écrit pas des choses crues à la façon de RBO, par exemple. On décrit des caractères humains qui nous sont familiers. Si les gens peuvent regarder nos petits films et y reconnaître des gens qu'ils connaissent, ça me fait plaisir. D'ailleurs, de tous les films envoyés sur Internet, ce dont les gens me parlent toujours, ce sont les personnages, justement."

"J'ai de la sympathie pour ceux que je décris. La vendeuse fatiguée dans une boutique, je la connais: j'ai déjà été cette vendeuse. C'est proche de la réalité. J'aime simplement les personnages qui sont colorés. Une de nos forces, d'ailleurs, c'est l'interprétation qui est d'un très bon niveau."

"J'aime l'idée de créer des personnages qui disent tout haut ce que la majorité des gens pensent tout bas. Ce sont des personnages que je n'ai pas vus ailleurs; c'est pour ça que je pense qu'il y a un créneau pour ça. En plus, nous sommes surtout des filles dans le groupe et des filles qui font ce genre d'humour, c'est rare, aussi."

Si, donc, vous voyez une petite équipe de tournage dans un commerce trifluvien dans les jours qui viennent, ne vous en faites pas: vous assistez peut-être à la création d'une oeuvre qui s'inscrira dans la nouvelle sphère de diffusion, celle de l'avenir, celle du web.

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