Le Pentagone a annoncé mardi la création d'un commandement militaire chargé de réagir aux attaques informatiques et mener des offensives dans le cyberespace, tandis que ses réseaux numériques sont de plus en plus la cible de pirates et d'espions.

Ce tout nouveau «cyber-commandement», placé sous l'autorité du Commandement stratégique américain (Stratcom), sera opérationnel à partir de l'automne, a indiqué un porte-parole du Pentagone, en précisant que ses responsabilités seraient limitées au domaine militaire.

«Les risques liés à la cybersécurité figurent parmi les défis économiques et de sécurité nationale les plus sérieux du XXIe siècle», affirmait dans un récent rapport la Maison Blanche, qui a érigé ce problème en priorité nationale.

L'initiative du Pentagone intervient sur fond d'augmentation du nombre d'attaques des 15.000 réseaux numériques militaires américains, lancées par de talentueux +cyber-pirates+, criminels ou au service de pays étrangers, explique le Pentagone, qui pointe en particulier du doigt la Russie et la Chine.

«Nous savons que la Russie et la Chine ont les capacités de perturber certains éléments des infrastructures d'information d'autres nations», affirmait mi-juin le vice-secrétaire américain à la Défense, William Lynn.

Selon des responsables américains, la guerre cybernétique fait partie des priorités de Pékin et de nombreuses intrusions dans le réseau informatique du gouvernement américain et d'autres pays «semblent être venues» de Chine.

D'après M. Lynn, «les tentatives d'intrusion (des réseaux militaires américains) «se chiffrent à des milliers par jour» et «la fréquence et la sophistication des attaques augmentent de manière exponentielle». Il a rappelé que son ministère avait dépensé plus de 100 millions de dollars ces six derniers mois pour réparer les dégâts causés.

Selon la presse américaine, des pirates informatiques ont réussi à s'introduire dans le plus coûteux programme d'armement du Pentagone, le projet d'avions de chasse F-35, via les réseaux de sous-traitants privés, et ont infiltré le réseau électrique américain à plusieurs reprises l'an dernier.

C'est au général Keith Alexander, patron de la puissante Agence de sécurité nationale américaine (NSA) chargée d'espionner les communications au sein du monde du renseignement américain, que devrait revenir la direction de la nouvelle entité.

«Maintenir la liberté d'action dans le cyberespace au XXIe siècle est aussi importante pour les intérêts américains que l'étaient la liberté de naviguer en mer au XIXe siècle et l'accès à l'air et à l'espace au XXe siècle», a-t-il récemment déclaré.

Pendant la campagne présidentielle américaine, le candidat Barack Obama avait mis en garde contre le risque de «cyber-attaques», les jugeant aussi dangereuses que la menace nucléaire ou biologique.

Arrivé à la Maison Blanche, il a promis «une nouvelle approche globale» pour protéger les réseaux, publics et privés, et la création d'un poste de haut responsable chargé de superviser la défense contre les intrusions.

Il a toutefois assuré à plusieurs reprises que les Etats-Unis défendraient leur réseau informatique tout en respectant les libertés individuelles, alors que l'administration Bush a été accusée d'avoir piétiné ces droits fondamentaux en renforçant le contrôle des réseaux de télécommunication et de l'internet.