Les manifestants iraniens contestant le résultat du scrutin présidentiel ont eu recours au site Twitter pour appeler à la résistance et diffuser des informations sur les affrontements avec la police et les partisans du président réélu Mahmoud Ahmadinejad.

Des messages venus d'Iran ont afflué lundi sur la populaire plate-forme de micro-blogs en dépit des efforts des autorités sur place pour limiter les informations liées aux manifestations.Des liens vers des photos présentées comme étant celles de manifestants blessés ou tués circulaient également sur le site de socialisation, alors que la mort d'un manifestant et plusieurs blessés par balles lors d'un rassemblement à Téhéran de partisans du candidat malheureux à la présidentielle Mir Hossein Moussavi étaient rapportés.

Sur le site dont le siège se trouve aux Etats-Unis, le sujet le plus important du jour était «Iran élection». Un internaute baptisé «Persiankiwi» semblait orchestrer des attaques informatiques contre des sites internet officiels iraniens tout en publiant des informations en temps réel sur les évènements.

«Nous devons nous déconnecter», écrivait-il à la mi-journée lundi. «Nous devons aussi nous déplacer - trop longtemps ici - c'est dangereux».

Dans un message diffusé plus tard, l'internaute poursuivait: «attaqués dans les rues par des hommes sur des motos armés de matraques - tirs de coups de feu en l'air - feux dans toute la ville - rues bloquées».

Les utilisateurs de Twitter fustigeaient également les grands médias pour leur couverture, jugée peu exhaustive, de la situation en Iran. Une page baptisée «CNNfail» (CNN échec) s'en prenait notamment à la grande chaîne américaine.

Par ailleurs, des utilisateurs de Twitter comme «bwernson» communiquaient des adresses de serveurs relais (proxy) pour déjouer des blocages visant internet en Iran.

D'autres comme «GeniusBastard» intervenaient pour exhorter les utilisateurs à maintenir les adresses de ces serveurs en dehors de comptes Twitter publics.

Mais même si le régime parvenait à paralyser internet et les communications des téléphones portables, les manifestants auraient encore la possibilité de recourir au «sneakernet» (net furtif), une méthode consistant à transporter disques durs ou clés USB chargés de données hors d'atteinte de la censure.

«Il y a toujours moyen de faire circuler des messages et les faire parvenir au vaste monde», a expliqué Erik Hersman, co-fondateur d'Ushadidi, une plateforme d'informations pour téléphone portable créée au Kenya après les violences post-électorales de 2008 et qui se veut «alimentée par la foule».

«De tous les moyens de communication, les SMS sont la dernière barrière à franchir et les plus faciles à propager», a-t-il ajouté.

Or Twitter permet à ses utilisateurs d'envoyer des messages de 140 caractères ou moins à toutes les personnes abonnées à leurs flux, sur téléphone portable ou ordinateur.

«Les mouvements de résistance non-violents sont habituellement menés par des étudiants, de jeunes gens qui sont de plus en plus souvent nés à l'ère numérique», a renchéri Patrick Meir, l'un des responsables d'Ushadidi sur le site iRevolution.

Dans un message intitulé «Comment communiquer en sécurité dans un environnement répressif», il a toutefois lancé une mise en garde: «les militants politiques doivent savoir que leurs régimes deviennent plus malins et plus efficaces, et non pas plus idiots et ignorants».