Le ministère de la Sécurité publique du Québec (MSP) a créé son propre Google Maps, en se servant de logiciels libres et gratuits. Le produit qui devait servir à l'origine aux centres 9-1-1 pourrait même intéresser d'autres ministères.

Simon Mercier, consultant en géomatique pour le ministère de la Sécurité publique, présentait hier le résultat des travaux du MSP dans le cadre de Géodiffusion 2009, un congrès qui réunit les principaux acteurs du secteur géospatial, dont notamment deux représentants du géant Google. «L'intelligence géospatiale, avec des cartes et des applications publiées sur le Web et les appareils portables, va devenir aussi essentielle que nos réseaux électriques ou le téléphone», a d'abord souligné Alex Miller, président d'ESRI Canada, producteur de systèmes d'informations géographiques.

Des outils géographiques peuvent être utilisés pour suivre l'évolution de la récession, donne-t-il comme exemple. Avec des outils géospatiaux, la compagnie Sears a pu optimiser son service de livraison et économiser 50 millions $ par année, ajoute-t-il.

Au ministère de la Sécurité publique, M. Mercier travaille depuis 2007 à mettre en place une infrastructure pour permettre aux intervenants des centres d'appels d'utiliser les outils géomatiques. Contrairement à d'autres organisations qui basent leurs services sur les outils de Google Maps, le MSP a plutôt créé son propre système en se servant d'outils libres comme MapServers et OpenLayers.

Ces logiciels permettent de créer très rapidement des cartes à partir des nombreuses données disponibles dans les différents ministères, qu'il s'agisse du réseau de la santé, de la SEPAQ, du Directeur général des élections, des cartes routières des municipalités ou bien des adresses électriques d'Hydro-Québec. Autre avantage du logiciel libre, si le produit final ne répond pas aux attentes, on n'a pas dépensé une fortune pour le mettre sur pied.

En utilisant les données des ministères, ajoute-t-il, «ça nous donne des informations qui sont plus à jour que ce qu'on trouve parfois sur Google Maps. Il y avait par exemple des codes postaux qui se retrouvaient dans le fleuve...»

En fusionnant toutes ces informations dans un seul outil géospatial, les intervenants des services comme le 9-1-1 peuvent prendre des décisions plus rapidement et donner de meilleures informations aux équipes sur le terrain.

Intérêt à l'interne

Mais cette infrastructure présente de l'intérêt pour les autres ministères, constate Simon Mercier.

«On ne voulait pas travailler en vase clos. On est des intégrateurs et on a accès aux données d'à peu près tous les ministères. Qu'est-ce que ça va donner en bout de ligne? On ne le sait pas encore.»

Simon Mercier espère que d'autres utilisateurs vont pouvoir en profiter, mais il y a encore des problèmes à régler quant à la protection des informations personnelles.

«Il y a déjà un grand pas de fait pour libéraliser l'information à l'intérieur du gouvernement, mais il reste à continuer pour que d'autres créateurs d'applications l'utilisent. Ces données-là existent et on a payé pour les avoir, il faut les rendre disponibles.»