La «guerre des espions» vient sur le devant de la scène au Proche-Orient. Le Liban a annoncé récemment l'arrestation de 15 personnes soupçonnées de collecter des informations au profit d'Israël, alors que le renseignement intérieur israélien affirme de son côté que des groupes arabes utilisent internet pour tenter d'infiltrer l'État hébreu.

Les autorités libanaises disent avoir infligé un revers majeur à Israël en arrêtant récemment 13 Libanais et deux Palestiniens accusés de collecter des informations sur le Hezbollah et ses dirigeants.

Israël a mené à l'été 2006 une guerre au Liban contre le mouvement chiite, et les deux ex-belligérants se préparent depuis à la possibilité d'un nouveau conflit. Même si l'État hébreu et ses voisins arabes s'espionnent mutuellement depuis des années, les récentes arrestations apportent un nouvel éclairage sur cette guerre d'infiltration.

De son côté, le Shin Bet, service de sécurité intérieure israélien, a appelé cette semaine les Israéliens à la prudence dans l'utilisation de réseaux sociaux comme Facebook, affirmant que des groupes arabes les utilisaient pour recruter des espions. Il cite le cas d'un utilisateur israélien de Facebook contacté par un homme qui se serait présenté comme un agent libanais et lui aurait proposé de l'argent en échange d'informations.

En 2007, Azmi Bishara, un député arabe israélien, a quitté Israël quelques semaines avant d'être accusé d'avoir transmis des informations sensibles au Hezbollah durant la guerre de 2006. Il vit aujourd'hui en Jordanie. Depuis la guerre contre le Hezbollah, Israël a également accusé plusieurs de ses citoyens arabes de collaboration avec des ennemis au Liban.

Le gouvernement israélien refuse de parler de ses activités de renseignement, mais selon le commentateur israélien Ronen Bergman, un expert en questions de sécurité, les récentes annonces libanaises laissent penser que les services secrets israéliens ont peut-être commis des erreurs clé. «Si les autorités libanaises disent avoir attrapé des espions israéliens, il y a une forte probabilité pour que ce soit vrai», estime de son côté Sholom Brom, ancien chef de la planification stratégique pour l'armée israélienne.

Le Liban s'estime en guerre contre Israël, et l'espionnage au profit de l'État hébreu y est considéré comme un acte de trahison. Le Premier ministre libanais Fouad Siniora s'est plaint auprès des Nations unies après l'arrestation des espions présumés, accusant Israël de violer la souveraineté de son pays et la trêve négociée sous l'égide de l'ONU, qui avait mis fin aux combats de 2006.

Les forces de sécurité libanaises ont précisé avoir commencé à démanteler le réseau d'espions présumé en avril. Les personnes appréhendées sont accusées d'avoir communiqué à Israël des renseignements sur des positions et des dirigeants du Hezbollah. L'une d'elles aurait cherché à obtenir des informations sur le lieu de résidence du chef du mouvement, Hassan Nasrallah, qui vit dans la clandestinité depuis la guerre de 2006.

Parmi les suspects figurent un ancien général et deux membres des forces de sécurité libanaises, le maire-adjoint d'une ville de l'est du Liban, un professeur de mathématiques, un conducteur de poids lourd et une femme au foyer. Tous risquent la peine de mort. On ignore précisément comment le réseau a été démantelé, mais la police a dévoilé du matériel électronique sophistiqué dont, selon elle, les espions étaient en possession.

Le général Ashraf Rifi, commandant de la police libanaise, attribue ces arrestations à «un secret technique» qu'il a refusé de dévoiler. Un responsable de la sécurité libanaise impliqué dans l'enquête a de son côté déclaré sous couvert de l'anonymat que les arrestations avaient été réalisées grâce à «un progrès technologique très important».

Selon les responsables de la sécurité libanaise, Israël a mis l'accent sur le renseignement humain depuis la guerre de 2006, qui avait montré la capacité du Hezbollah à dissimuler ses batteries de roquettes et missiles aux missions de reconnaissance aérienne israéliennes. Le général Rifi décrit les récentes arrestations comme un revers majeur aux efforts d'Israël pour collecter des renseignements au Liban, ajoutant qu'il se passera des années avant qu'un tel réseau puisse être reconstitué.

Ce type d'affaire ne se limite pas au Liban dans la région. Ces dernières années, le Yémen, l'Iran et l'Égypte ont accusé certains de leurs citoyens respectifs d'espionnage pour le compte d'Israël.

Vous avez une nouvelle à nous communiquer ou encore une idée pour un reportage? Écrivez-nous à technaute@cyberpresse.ca