Twitter est résolument le réseau social de l'heure. En plus d'être un lieu de discussion générale où rumeurs, opinions et commentaires se côtoient sans cesse, voilà que le populaire service Internet se transforme en outil de recherche pour se trouver un nouvel emploi. Et Montréal est aux premières loges de ce phénomène.

«Nous avons commencé à annoncer des offres d'emploi sur Twitter il y a un peu plus de six mois», fait Alex Kovalenko, cofondateur et directeur des opérations de Kovasys, une entreprise montréalaise spécialisée dans le recrutement de personnel dans le secteur des technologies de l'information (TI). «Nous avons découvert depuis que ça fonctionnait assez bien. Aujourd'hui, nous constatons que Twitter renvoie de nombreux internautes sur notre site, et que quelques-uns d'entre eux finissent par postuler pour un ou des emplois.»

 

Des emplois branchés

Sur Twitter, Kovasys n'a pourtant pas des statistiques à faire rougir d'envie les Oprah de ce monde, avec guère plus de 300 autres utilisateurs de Twitter qui sont abonnés à son fil public. Mais ceux-ci renvoient les offres à leurs propres abonnés, ce qui peut faire un effet boule de neige.

Depuis janvier, Jeff Talajic est un autre utilisateur de Twitter qui y annonce des offres d'emploi. À la nuance près que le chargé de comptes pour la société iPerceptions, à Montréal, ne le fait pas par profession... mais plutôt pour le plaisir. Son compte, MTLTweetjobs, est aujourd'hui suivi par un peu plus de 1300 personnes. Il reprend un concept initialement lancé à Ottawa par Kelly Rusk, blogueuse impénitente, et qui a aussi trouvé écho à Toronto.

M. Talajic ne fait que publier les offres d'emploi que lui soumettent des entreprises via Twitter. Il en annonce plus d'une dizaine chaque semaine, en moyenne. «C'est idéal pour les entreprises qui cherchent des gens qui maîtrisent les nouveaux médias», dit-il. «Elles peuvent soit recevoir des CV dans lesquels les gens écrivent qu'ils connaissent bien le Web 2.0, ou alors, ils peuvent aller à la source et voir qui répond.»

Des candidats passifs

Pour Kovasys, c'est un nouveau filon particulièrement intéressant puisque l'agence de recrutement se spécialise dans les TI. Et il faut se rendre à l'évidence que l'imposante majorité des utilisateurs de ce réseau social encore tout jeune demeure des gens qui travaillent dans ce domaine.

M. Kovalenko admet que ce n'est peut-être pas la solution idéale pour une PME d'un domaine qui a peu à voir avec l'informatique. «Pas en ce moment, en tout cas.» Peut-être dans six mois ou un an, si Twitter parvient à percer comme d'autres - Facebook et LinkedIn, notamment - l'ont déjà fait. Et même là, les services spécialisés qui existent déjà dans le secteur de l'emploi demeurent les meilleures ressources pour atteindre une masse critique de gens en quête d'un nouvel employeur.

Même s'il n'a jamais fait de suivi pour savoir si au moins une des offres qu'il publie a été comblée grâce à Twitter, Jeff Talajic estime néanmoins que c'est un outil à ajouter à la palette d'options, des sites d'emploi aux petites annonces. «Nous avons nous-mêmes annoncé une offre d'emploi sur Twitter récemment et quelques postulants y ont répondu», nuance-t-il. «Mais les sites d'emploi demeurent la référence, puisqu'ils sont comme des Twitter spécialisés sur ce thème.»

Bref, même s'il semble assez restreint, un certain public en quête d'un emploi semble être disponible via Twitter. Alex Kovalenko les appelle les candidats passifs. «Des gens qui ne cherchent pas nécessairement activement un emploi, peut-être parce qu'ils en ont déjà un, mais qui demeurent intéressés s'ils peuvent le faire discrètement.»