L'internet est désormais au coeur des nouveaux modes de consommation, avec ses sites discount, ses comparateurs de prix mais également ses forums de discussion qui permettent d'échanger bons tuyaux et expériences malheureuses.

Le commerce alimentaire et non alimentaire se retrouve face à un consommateur d'un nouveau type: plus sensible au prix, à la qualité des produits, à la protection de l'environnement et capable de payer plus pour un produit équitable, une voiture «propre» ou un gadget high tech qui améliore sa vie quotidienne.Une mutation complexe qui s'est accentuée avec la crise, ont noté commerçants et experts lors d'un colloque sur la consommation cette semaine au Sénat.

«Les gens ont envie de consommer différemment. La chute des ventes d'eau en bouteille, des lingettes d'entretien ou des produits traiteurs montre que le consommateur va à l'essentiel, vers les produits de base», a expliqué à cette occasion Jérôme Bédier, président de la Fedération des entreprises du Commerce et de la Distribution (FCD).

La recherche du «juste prix» donne aussi la faveur aux enseignes de hard-discount, qui voient leur part de marché augmenter.

Mais, dans ce nouveau contexte, internet semble avoir une longueur d'avance sur les magasins, avec ses sites marchands agressifs en matière de prix, ouverts 24 heures sur 24, dimanche compris.

La part de marché du e-commerce dans le commerce de détail est encore minuscule en France, inférieure à 5% selon les experts, mais elle progresse rapidement. Le chiffre d'affaires des sites internet a ainsi augmenté de 25% l'an dernier, alors que les ventes des magasins alimentaires, d'ameublement ou d'habillement ont baissé.

Le e-commerce continue d'ailleurs «de prendre des parts aux autres types de distribution. Les sites positionnés sur les prix bas croissent plus vite que les autres», relève Pierre Kosciusko-Morizet, président de l'association pour le commerce et les services en ligne (Acsel).

Avec ses réseaux sociaux, comme Facebook, ses sites de partage de vidéo comme YouTube et ses blogs, internet procure aussi de nouveaux outils aux consommateurs, en leur permettant d'échanger des informations sur les marchands et les produits.

«Une fois que le consommateur a pris ce pouvoir, il ne le lâche plus. Il connaît la vraie qualité des produits, leur valeur, leur sens écologique, les vraies promotions. Le consommateur est devenu plus intelligent que le commerçant!», soutient Raphaël Palti, président d'Altavia, société spécialisée dans la communication commerciale.

Les décisions de boycottage d'un produit se prennent quasi immédiatement sur internet à l'échelle de la planète et la communication autour d'actions prévues dans certains magasins se fait désormais via la Toile.

A San Francisco par exemple, pour récompenser la supérette qui a fait le plus d'efforts en matière de développement durable, un groupe d'écologistes est passé par un site de partage de vidéos pour inviter les consommateurs à venir y faire leurs courses. Une action qui a permis de doubler son chiffre d'affaires.

L'achat groupé, un concept qui permet d'acheter moins cher en groupe dans les magasins, connaît un véritable essor en Chine, également grâce à la toile où les consommateurs s'inscrivent sur des sites spécialement dédiés.

Sans internet, où le bouche à oreille est plus facile, ce genre d'actions seraient quasi impossibles.