John Philip Neufeld n'est plus un étudiant de Concordia sans histoire qui aime bien prendre un café en déjeunant chez lui, les yeux rivés sur son ordinateur. Mardi matin, entre deux clics de souris, il a aidé les autorités britanniques à déjouer un attentat contre une école secondaire. John Philip Neufeld, 21 ans, consultait le forum de partage de musique Newgrounds.com lorsqu'il est tombé sur cette menace sans équivoque, digne d'un film d'Hollywood : «L'auteur disait qu'il allait attaquer violemment son école, il donnait même l'heure et le jour», a raconté M. Neufeld en entrevue à La Presse. Le message était affiché juste au-dessus de l'image embrouillée d'un bidon d'essence.

blank_paJ.P., comme le surnomment ses amis, n'a pas perdu une seconde. Il a cherché sur l'internet les coordonnées de la police du comté de Norfolk, a pris son téléphone et alerté les autorités de la menace qui était dirigée contre le lycée d'Attleborough, un établissement de 950 élèves situé au nord-est de Londres. À sa grande surprise, les policiers l'ont pris au sérieux immédiatement. «Ils ont regardé les mêmes images que moi, sur l'internet, et ils ont vu que je disais vrai», souligne-t-il. Moins d'une heure plus tard et à des milliers de kilomètres de l'appartement de J.P. Neufeld, un étudiant de 16 ans a été arrêté devant le lycée d'Attleborough. «Son sac d'école a été confisqué et nous y avons trouvé un couteau, des allumettes et un contenant de liquide inflammable», a confirmé une porte-parole de la police de Norfolk, Katie Elliot, en entrevue au Telegraph. L'adolescent connu sous ses initiales T.B. a été interrogé pendant la nuit puis accusé d'avoir menacé de commettre un acte criminel et de possession d'arme. Il fera aussi l'objet d'une évaluation psychologique. Des souvenirs de Dawson

Originaire de Winnipeg, John PhilipNeufeld étudie la musique à l'Université Concordia. Il habite à quelques rues du collège Dawson, qui a été le théâtre en 2006 d'une fusillade qui a fait deux morts (dont le tireur) et une ingtaine de blessés. C'est le souvenir troublant de cette tragédie qui l'a incité à agir aussi vite. «Avant de commettre leurs crimes, les tireurs ont souvent annoncé leurs intentions sur l'internet. Si on est attentif, on pourra empêcher des drames», dit-il. John Philip Neufeld a reçu de chaleureuses félicitations des autorités britanniques. Puis il est devenu le chouchou de l'heure des médias canadiens. «Je n'ai pas une seconde pour souffler, je donne des entrevues à longueur de journée! a-t-il lancé, étonné. Mais dans moins d'une semaine, je serai retombé dans l'oubli.» Il le dit sans regret : «La seule chose que je voudrais que les gens retiennent, c'est qu'il ne faut pas prendre les menaces sur l'internet à la légère et qu'il ne faut pas avoir peur de les dénoncer. J'espère que d'autres suivront mon exemple.»