À l'image des réseaux sociaux grand public, comme Facebook, qui séduisent des millions d'internautes, des entreprises mettent en place des outils de mise en relation pour favoriser la collaboration de leurs salariés, des initiatives qui restent néanmoins limitées.

Contrairement aux sites de socialisation classiques, où les internautes échangent le plus souvent de façon ludique, le web 2.0 en entreprise a «toujours un objectif business», souligne Carlos Diaz, PDG de blueKiwi.Cette jeune société française, qui commercialise un logiciel permettant de créer des communautés et répliquer en quelque sorte Facebook «de façon sécurisée, confidentielle et surtout professionnelle», compte une trentaine de clients, parmi lesquels La Poste, BNP Paribas, Areva et Total.

Objectif pour ces groupes: développer les échanges, «stimuler l'innovation», ou encore mieux connaître les compétences de leurs salariés via leurs profils, explique M. Diaz.

Le leader de l'assurance voyage et de l'assistance, Mondial Assistance, s'est ainsi laissé séduire il y a un peu plus d'un an afin de «fédérer trois équipes qui travaillaient depuis des années de façon isolée» et qui sont désormais réunies au sein d'une même entité.

Informations sur les clients et l'évolution des marchés, projets à l'étude, mais aussi questions plus prosaïques comme le déménagement de l'équipe... l'outil a permis de créer de la «convivialité», tout en faisant naître des idées, relate le directeur de cette entité, Erick Morazin.

L'éditeur de logiciels Dassault Systèmes souhaitait quant à lui que ses commerciaux français échangent sur leurs pratiques pour les améliorer. Outre la naissance d'«une culture de la collaboration entre les vendeurs», profession plutôt individualiste, l'adoption de blueKiwi a permis d'«augmenter le chiffre d'affaires de 20%» en 18 mois, se félicite M. Diaz.

Plébiscités par les jeunes générations, qui ont grandi avec internet, ces outils présentent l'avantage d'être simples d'usage et abordables (quelques milliers d'euros pour une trentaine de personnes).

Pour autant, leur développement en France reste «encore très marginal», affirme Jean-Pierre Corniou, directeur général adjoint du cabinet Sia Conseil: «il y beaucoup de réticences, d'obstacles culturels à leur pénétration».

Il faut d'une part que le personnel y adhère en ayant «confiance dans la libre expression» offerte, et d'autre part que la direction soit convaincue de l'intérêt économique de ce type d'initiatives, relève M. Corniou. Une tâche pas forcément aisée, alors que les dirigeants n'ont pas toujours une image positive des réseaux sociaux.

Ces technologies nécessitent aussi une certaine implication: outre le fait d'être «immédiatement opérationnelles», au risque de ne jamais être adoptées, elles doivent séduire sur la durée, selon Gabriel Képéklian, auteur de «Déployer un projet Web 2.0 en entreprise» avec Jean-Louis Lequeux. D'où l'intérêt de mettre en place une équipe d'animateurs.

Enfin, ces outils, qui permettent à tous de s'exprimer à même niveau, bouleversent les hiérarchies. «Avec le Web 2.0, il faut accepter un nouveau modèle de gouvernance, un peu de proximité», note M. Képéklian.

Une difficulté en France, où les structures sont très pyramidales, contrairement aux États-unis et en Europe du Nord, où le web 2.0 est beaucoup plus développé en entreprise.