Il y a plus de 15 ans que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) observe le développement de l'internet sans oser réglementer son contenu. Mais maintenant que l'internet est devenu un média presque aussi important que la radio et la télé, sa position pourrait changer. Et pour l'aider à se faire une tête, l'organisme a convoqué des audiences publiques sur les nouveaux médias, qui s'ouvriront à Gatineau le 17 février.

Plusieurs gros joueurs autour de la table plaideront pour le développement de l'internet sans contraintes : Bell, Telus, Astral Media, Quebecor, etc. Même le géant américain Google a déposé un mémoire priant le CRTC de résister à la tentation de réparer ce qui n'est pas cassé. Bell est contre l'idée qu'on taxe les fournisseurs de services internet pour ensuite payer des droits d'auteur aux artistes.

Quebecor croit que le CRTC n'a pas le pouvoir de réglementer l'internet et lui demande plutôt d'assouplir ses règles envers les médias traditionnels pour que la compétition soit plus équitable.

D'un autre côté, Radio-Canada propose que le gouvernement aide les médias traditionnels, qui éprouvent tous des difficultés financières, pour qu'ils puissent être compétitifs sur l'internet.

L'Union des artistes craint quant à elle que, devant l'impossibilité de réglementer efficacement l'internet, le CRTC en vienne à déréglementer tous les médias.

En tout, 153 mémoires ou commentaires sont parvenus au CRTC. Et la question centrale de tout ce débat, qui pourrait être houleux, est : comment fait-on comme société pour promouvoir notre langue et notre culture dans un média sans frontières comme l'internet?

Pour l'instant, la question ne soulève pas de passions dans la population en général. N'empêche qu'elle concerne tout le monde, même les gouvernements des autres pays, qui jetteront un oeil sur la décision que le CRTC rendra au début de l'été.

En 2006, un rapport du Conseil estimait que si le gouvernement voulait agir et encadrer les nouveaux médias, il devait le faire d'ici trois à sept ans. «Passé ce délai, les mesures correctrices pourraient se révéler inefficaces», a dit Konrad von Finckenstein, le président du CRTC, dans un récent discours. On comprend donc que ces audiences sont décisives pour l'avenir des médias sur l'internet. Soit que le CRTC réglemente maintenant, soit qu'il laisse l'internet, en tant que nouveau média, lui filer entre les doigts.