Un Britannique accusé d'avoir piraté les systèmes informatiques de l'armée américaine et de la NASA, l'agence spatiale américaine, a obtenu vendredi le droit de déposer un nouveau recours contre son extradition vers les Etats-Unis.

La dernière procédure d'appel de Gary McKinnon, un chômeur de 42 ans présenté par la justice américaine comme l'auteur du plus grand piratage informatique militaire de tous les temps, avait été rejetée en juillet dernier par la chambre des Lords, plus haute instance judiciaire du Royaume-Uni.En août, la Cour européenne des droits de l'homme avait indiqué qu'elle ne s'opposerait pas à son extradition vers les Etats-Unis, où il risque la prison à vie.

La Haute cour de Londres a estimé vendredi que le dossier de M. McKinnon, alias «Solo», «mérit(ait) un examen approfondi» et lui a accordé la permission de déposer un recours contre la décision du ministre britannique de l'Intérieur Jacqui Smith qui avait donné son feu vert à l'extradition en octobre dernier.

Ses avocats avaient affirmé la semaine dernière devant la Haute cour que leur client souffrait du syndrome d'Asperger, un trouble autistique, affirmant que tout éloignement de sa famille risquait de provoquer chez lui une psychose ou même de le pousser au suicide.

Ils ont également déposé une requête auprès du Parquet pour que M. McKinnon soit jugé au Royaume-Uni plutôt qu'outre-Atlantique. La décision devrait être connue d'ici un mois. Mme Smith a fait savoir que l'extradition n'interviendrait pas d'ici là.

Karen Todner, l'une des avocates de McKinnon, s'est réjouie de la décision de la Haute cour: «C'est la bonne décision. Cette affaire dure depuis 2002 et, enfin, nous avons la première bonne décision», a-t-elle confié devant le tribunal.

Le Britannique n'a jamais nié avoir pénétré le réseau sécurisé de plusieurs institutions américaines mais a assuré n'avoir été motivé que par la curiosité -- il cherchait des informations sur les Ovnis (objets volants non identifiés) -- et avoir été «étonné» par la facilité avec laquelle il avait pu accomplir ces intrusions.

Juste après les attentats du 11 septembre 2001, Gary McKinnon avait rendu inopérants les ordinateurs de la base navale de Earle (New Jersey, nord-est des Etats-Unis), qui gère les approvisionnements en munitions de la flotte déployée en Atlantique, avait indiqué un juge des Law lords en juillet dernier. Il avait effacé des données «critiques» provoquant l'arrêt de plus de 2.000 ordinateurs dans la zone militaire de Washington.

Les autorités américaines ont chiffré le montant des dégâts à 700.000 dollars (580.000 euros à l'époque).