Mardi à 12h01 heure de Washington (17H01 GMT), Barack Obama entamera son mandat de 44e président des Etats-Unis, placé sous le signe de la communication permanente avec les internautes, appelés à donner avis et conseils à l'équipe au pouvoir.

À peine le nouveau président aura-t-il prêté serment que son équipe de «webmaîtres» prendra les commandes du site de la Maison Blanche, whitehouse.gov, appliquant à l'administration les recettes qui ont si bien réussi au candidat démocrate pendant la campagne présidentielle.

L'actrice Sarah Silverman tente de convaincre les électeurs juifs de voter pour Barack Obama via YouTube

«La Maison Blanche va devenir un endroit passionnant», assure Macon Phillips, directeur des nouveaux médias au sein de l'équipe de transition de Barack Obama. «On va pousser le bouchon le plus loin possible».

Depuis le scrutin du 4 novembre, l'équipe de transition «a étudié l'administration pour voir comment nous pouvons l'ouvrir en associant les citoyens», explique-t-il. Une fois au pouvoir, l'objectif est de «poursuivre dans le même esprit, la même participation et l'énergie qui se sont avérés essentiels pendant la campagne».

Cette recette de démocratie en ligne est déjà en action sur le site de l'équipe de transition, Change.gov, sur lequel les internautes sont invités à partager leurs idées concernant l'avenir du pays et à évaluer celles des autres.

«Les idées les mieux cotées seront rassemblées après l'investiture dans un classeur, comme ceux que le président reçoit tous les jours de la part de ses experts et conseillers», explique Change.gov.

Sous la rubrique «votre siège à la table des discussions», le site publie aussi le contenu des conversations entre l'équipe de transition et des associations, permettant aux internautes d'apporter leurs commentaires.

L'équipe Obama a aussi adressé des questionnaires aux 10 millions de personnes inscrites sur sa liste d'envoi de courriels pour leur demander ce que le président doit faire une fois dans le Bureau ovale. Elle a reçu un demi-million de réponses à l'un d'entre eux.

La démocratie en ligne pourrait cependant avoir du mal à s'imposer à la bureaucratie en place, prévoit Simon Rosenberg, président du centre de réflexion NDN, qui s'attend à ce que Barack Obama se serve des échos reçus sur la toile pour évaluer les résultats de son administration.

«Il va y avoir de la concurrence au sein même de l'administration», prévoit-il. «A leur réunion du lundi matin, les ministres vont comparer combien de fois ils sont apparus sur YouTube et combien ils ont reçu de commentaires sur leur blog», plaisante-t-il.

Les élus du Congrès pourraient aussi se retrouver sous pression à mesure que l'électorat recourt à l'ordinateur pour contester éventuellement les positions des parlementaires et soutenir le programme de réformes d'Obama.

«Les 25 parlementaires hostiles à la réforme de l'assurance maladie préparée par Obama pourraient se retrouver d'un seul coup face à 25 ou 30 millions d'Américains», présume Joe Trippi, directeur de campagne en 2004 du candidat à l'investiture démocrate Howard Dean, premier aux Etats-Unis à avoir utilisé l'internet comme outil politique à la présidentielle. «Ils vont se faire broyer», prévoit-il.