Au moment où beaucoup de quotidiens réduisent leur couverture à l'étranger, les Américains disposeront à partir de lundi d'un nouveau service d'informations sur l'actualité internationale, GlobalPost, disponible uniquement en ligne.

Le lancement d'un nouvel organe de presse ambitieux en ces temps de tourmente économique «est un défi énorme», reconnaît le PDG de GlobalPost, Philip Balboni.

«Personne ne l'a fait. Sans doute parce que ce n'est pas facile à faire», dit à l'AFP ce vétéran de l'information, déjà fondateur du réseau de télévision régionale New England Cable News (NECN).

GlobalPost, dont les bureaux seront à Boston, s'appuiera sur un réseau de 70 correspondants dans 53 pays pour proposer aux Américains les sujets internationaux dont ils sont friands, selon M. Balboni.

«Il y a des millions d'Américains qui sont vraiment intéressés par ce qui se passe, et pour l'instant les médias américains ne leur proposent pas une couverture extensive avec des sources fiables», juge-t-il.

«Trouver des reportages de grande qualité, même sur l'internet, nécessite de sortir de l'orbite américaine», selon lui. «Notre objectif est de couvrir les événements mondiaux, d'abord pour les Américains, mais aussi pour les autres lecteurs anglophones».

GlobalPost ne proposera donc pas de couverture des sujets nationaux aux États-Unis. «Nous aurons quelqu'un à Washington qui couvrira la politique étrangère, point final».

GlobalPost entre dans l'arène médiatique au moment où les journaux américains imprimés licencient des centaines de reporters pour compenser la baisse régulière de leurs recettes publicitaires et la désaffection des lecteurs, qui leur préfèrent les sites d'information en ligne gratuits.

Une poignée seulement de journaux américains ont conservé des bureaux à l'étranger, «et l'existence de certains est menacée», souligne Philip Balboni.

GlobalPost va devoir inventer un nouveau modèle éditorial et commercial pour pouvoir entretenir son propre réseau de correspondants. «On ne peut pas créer un nouvel organe d'informations internationales qui ressemble trait pour trait à ceux qui existent déjà», dit-il, expliquant que ses reporters feront aussi leurs propres photos et vidéos.

Ces correspondants, dont certains ont travaillé pour le New York Times, Newsweek, CNN ou d'autres grands médias, pourront compter sur une rémunération garantie de 1000 dollars par mois et des parts dans l'entreprise.

En tout, 48% du capital de GlobalPost reviendra à ses employés, le reste étant entre les mains de grands investisseurs: le milliardaire Amos Hoffstetter, fondateur de Continental Cablevision, Benjamin Taylor, ancien éditeur du Boston Globe, et Paul Sagan, directeur général d'Akamai Technologies.

GlobalPost compte sur trois sources de revenus: la publicité, la vente d'articles à des journaux américains ou étrangers et une part d'informations payantes sur le site.

L'ensemble du contenu sera gratuit lorsque GlobalPost commencera à diffuser lundi, puis cette partie payante sera proposée à partir de mi-février pour 199 dollars par an.

«Nous nous considérons réellement comme des partenaires pour les journaux, pas comme une concurrence pour les agences de presse Associated Press, Reuters ou AFP car la plupart du temps nous ne couvrirons pas l'actualité brûlante», explique le PDG. «Nous couvrirons les aspects laissés de côté, lorsque les gens courent après l'information principale».

Il se dit confiant dans la volonté des lecteurs de payer pour une information de qualité, même si peu ont réussi dans ce domaine, le Wall Street Journal faisant figure d'exception. «Je ne pense pas que le grand journalisme puisse survivre si les gens ne sont pas prêts à payer pour y avoir accès en ligne».