«Couvrez ce sein que je ne saurais voir.» Bien qu'elle ait été écrite au XVIIe siècle, la célèbre réplique de Molière est toujours d'actualité pour les gestionnaires du site de réseautage Facebook.

Depuis quelques mois, les photographies de mères allaitant leur enfant en sont bannies. L'interdiction a provoqué l'ire des femmes un peu partout dans le monde. Pour protester, 11 000 d'entre elles ont remplacé la photo qui illustre leur profil par des images de mères qui donnent le sein.

Cette manifestation virtuelle a été organisée le 27 décembre par Stephanie Muir, une mère d'Ottawa outrée par la politique du portail web, qui dit qu'aucun matériel «pornographique ou sexuellement explicite» ne peut être téléchargé sur le site.

 

«Il est impensable que, en 2008, une image remplie d'amour, celle d'une mère allaitant son bébé, soit perçue comme du contenu sexuel ou offensant, dit-elle. C'est parce qu'on stigmatise ainsi les femmes que des mères font le choix de ne pas allaiter ou de donner le sein moins longtemps.»

En plus de la protestation web, quelques douzaines de femmes se sont rassemblées il y a une semaine devant le siège social de Facebook, en Californie, et y ont nourri leurs enfants.

La réaction des administrateurs de Facebook n'a pas tardé. Selon Stephanie Muir, des comptes de plusieurs manifestantes ont été désactivés.

C'est le cas de la Montréalaise Emma Kwasnica, qui n'a plus accès à sa page personnelle depuis le 1er janvier.

«Facebook a commencé à supprimer des photos où j'allaitais mes filles le 28 décembre», affirme la femme de 30 ans, qui étudie pour devenir sage-femme. «Quelques jours plus tard, les administrateurs ont supprimé mon profil avec pour seule explication que j'avais téléchargé du contenu obscène. Allaiter est l'acte le plus beau du monde. Comment peut-on automatiquement associer cela à un acte sexuel?»

La manifestation organisée par Stephanie Muir a engendré tout un battage médiatique aux États-Unis. Facebook a réagi en publiant un communiqué de presse qui précise que seules les photos où l'on peut voir des mamelons ou des aréoles sont interdites.

Facebook a réitéré qu'elle est une entreprise privée qui a le droit de décider du contenu qu'elle héberge sur son site.