Loïc Le Meur, organisateur de la conférence «Le Web 08» qui réunit mardi et mercredi à Paris 1700 professionnels de l'internet, explique comment la crise actuelle pourrait générer de nouveaux concepts comme ce fut le cas lors de la «bulle internet» en 2000.

Q: Vous aviez choisi le thème de «l'amour» pour cette cinquième édition du «Web» or c'est surtout la crise financière qui s'invite dans les débats ?R: Dans toutes les éditions, on parle de la crise. L'idée c'est justement de faire de cette conférence l'endroit où les entrepreneurs pourront trouver des solutions à la crise et la traverser. La différence avec la «bulle internet» c'est que les entreprises n'ont pas attendu pour s'adapter. Il y a eu certes plus de 75.000 licenciements dans la Silicon Valley. C'est très dur, mais là-bas c'est déjà quasiment du passé. Ils sont déjà en train de se concentrer sur des solutions. J'ai moi-même dû licencier dans ma société. Seesmic (réseau social reposant sur la vidéo NDLR) avait trente salariés et début octobre nous sommes passés à vingt. La moitié a déjà retrouvé du travail car il y a beaucoup de recrutement malgré les difficultés.

Q: La crise du début des années 2000 avait fait naître de nouveaux phénomènes, quelles sont les pistes à étudier actuellement ?

R: Après la bulle internet il n'y a jamais eu autant de succès sur le net. Google, les blogues, YouTube ou encore Meetic sont nés de cette crise. Actuellement, parmi les nouvelles sources de revenus, je crois beaucoup aux objets virtuels qu'on peut acheter ou offrir sur Internet ou encore à la publicité générée par les internautes eux-mêmes. Le développement de l'internet sur le mobile aussi. Il y a eu un avant et un après iPhone.

Q: La ministre de l'Economie Christine Lagarde et le secrétaire d'État à l'Economie numérique Eric Besson participent à votre conférence, quelles mesures vous semblent nécessaires en France pour développer le net ?

R: Les Britanniques ont annoncé un fonds d'un milliard de livres pour soutenir les nouvelles technologies. Aux État-Unis, Barack Obama en fait une priorité. J'aimerais une vraie initiative du gouvernement français pour soutenir les start-up. Les entrepreneurs ont besoin qu'on les aide à lever des fonds. Il ne faut pas substituer l'État aux investisseurs, mais pourquoi ne pas s'inspirer des modèles irlandais ou israélien où l'État a accompagné les start-up.