La Chine a élaboré des techniques si sophistiquées d'espionnage informatique qu'elle peut pénétrer dans les réseaux américains les plus sensibles pour y dérober des informations confidentielles, selon un rapport remis jeudi au Congrès américain.

«La Chine a en cours un programme de cyber-espionnage,» relève la US-China Economic and Security Review Commission dans son rapport annuel remis au Congrès. «La Chine cible le gouvernement américain et les ordinateurs commerciaux», affirme cet épais rapport de 393 pages qui critique aussi le contrôle étatique exercé par Pékin et son soutien à des «régimes voyous» comme la Birmanie, le Soudan et l'Iran. La Commission alerte aussi sur les risques du programme spatial chinois, dont les performances s'améliorent, et qui pourrait servir à des buts militaires. «Même si quelques programmes spatiaux chinois n'ont pas un but explicitement militaire, beaucoup de systèmes --communications, navigation, météorologie, imagerie-- peuvent par nature être duales» (à la fois civils et militaires), souligne la Commission.

Créée en 2000 pour analyser les relations économiques et relevant de la sécurité nationale entre les deux pays, la Commission insiste cette année sur le fait que la Chine investit très lourdement dans la «guerre sur internet».

La Chine est si avancée et maîtrise «des formes de "cyber-guerre" tellement sophistiquées, que les États-Unis pourraient être incapables de contrecarrer et même de repérer leurs efforts» de pénétration, avertit la Commission.

Le rapport estime que les pirates informatiques doivent opérer avec le soutien du gouvernement chinois.

«Selon des estimations, il y a 250 groupes de pirates informatiques en Chine qui sont tolérés, et même encouragés, par le gouvernement pour pénétrer et perturber les réseaux,» dit la Commission.

Dans une situation de conflit, la supériorité de la Chine en ce domaine «pourrait amoindrir la prédominance militaire conventionnelle actuelle des Etats-Unis», ajoute le rapport qui préconise 45 recommandations au Congrès pour lutter contre le cyber-espionnage chinois.