Sur le marché des paris en ligne, le contrat correspondant à la probabilité d'une victoire du démocrate Barack Obama à la présidentielle a bien plus la cote que le titre équivalant pour son rival républicain John McCain.

Au moment où les premiers bureaux de vote ouvraient leurs portes, le site irlandais Intrade, l'une des plus grandes firmes au monde de paris en ligne, donnait 91,2% de chances de l'emporter au candidat Obama et seulement 9,4% à son adversaire.

Sur ce type de sites de prédiction d'événements politico-économiques, les bookmakers peuvent en ce moment parier aussi sur la perspective d'une récession aux États-Unis en 2009 (77% de probabilités) ou sur la victoire d'un sénateur démocrate dans le Minnesota (45%).

La cote prévue par Intrade signifie qu'un parieur ayant misé sur le succès d'Obama empochera un gain de moins de 9 cents par dollar contre 90,6 cents pour ceux tablant sur une victoire de McCain.

Un autre site, Iowa Electronic Markets, prédit 91,5% de chances pour Obama et 8,6% pour McCain. Le mécanisme de ces marchés à terme est simple: quand on pense qu'un candidat va l'emporter, on achète le contrat, sinon on le vend.

Les bookmakers sont convaincus que leurs prévisions, basées sur des investissements sonnants et trébuchants, sont plus fiables que les sondages.

En 2004, George W. Bush avait gagné tous les États où les parieurs d'Intrade avaient prédit son succès. Lors des législatives de 2006, les bookmakers avaient parié avec succès que les républicains perdraient leur majorité au Sénat, alors qu'aucun politologue ne s'aventurait à le prévoir.

«Quand quelqu'un parie, il sort l'argent de son portefeuille. Ce n'est pas seulement basé sur l'émotion mais c'est un investissement financier. C'est bien mieux que se planter au milieu d'une rue et poser des questions», estime Ken Robertson de Paddy Power, la principale société de paris irlandaise.

Le marché Iowa Electronic Markets, géré par l'Université de l'Iowa dans le cadre d'un projet de recherche, a calculé qu'en 20 ans, dans 74% de ses pronostics, il a fait mieux que les sondages.

Tout simplement parce qu'il s'agit de cotations dépendant d'un marché, a indiqué Tom Snee, porte-parole du projet de l'Iowa.

«La différence, c'est qu'un sondage demande: "pour qui comptez-vous voter?" alors que nous demandons: "qui va gagner selon vous?"», a souligné M. Snee, estimant que miser 500 dollars (le maximum autorisé par Iowa Electronic) permettait de penser avec sa tête et pas avec son coeur.

Même si le résultat semble joué d'avance, les grands sites de paris ont prévu d'accepter des mises jusqu'à quelques minutes de l'annonce des résultats.

Il y a trois semaines, Paddy Power s'était dite prête à stopper les paris et à verser immédiatement leurs gains aux joueurs ayant misé sur une victoire d'Obama, soit un total d'un million d'euros. Mais les paris ont repris et tout récemment, un joueur a misé 100 000 livres sur la victoire d'Obama malgré un gain probable de seulement 11 000 livres.

Quelques parieurs continuent néanmoins de croire dans les chances de McCain. Ted Sevransky est ainsi convaincu qu'une partie des personnes disant soutenir Obama, changeront d'avis dans l'isoloir et ne donneront pas la victoire à un candidat noir. «C'est une élection qui va se jouer à 50/50 comme les deux précédentes dans un pays divisé», a estimé ce parieur sur le site covers.com.